Il n’a plus les jambes de ses 17 ans, son âge lors de sa première sélection, et Wayne Rooney veut désormais se concentrer sur son nouveau club d’Everton : après 119 sélections, le meilleur buteur de la sélection d’Angleterre (53 buts) a tiré sa révérence internationale mardi.
« Après mûre et difficile réflexion, j’ai dit à Gareth » Southgate, le sélectionneur de l’Angleterre, « que j’avais décidé de prendre pour de bon ma retraite internationale« , a annoncé la star anglaise dans un communiqué publié sur son site internet personnel.
– Soirée cauchemar –
Son 53e et dernier but en sélection restera donc celui d’une soirée cauchemar sur la Riviera: quand, après que Wayne Rooney eut donné l’avantage à l’Angleterre, la minuscule Islande a fait de la sélection aux Trois Lions la risée de son pays et de l’Europe en l’éliminant de l’Euro-2016 dès les huitièmes de finale (2-1).
Le symbole est cruel mais représentatif de la carrière de Rooney en équipe nationale: celle d’un joueur prolifique et souvent décisif, qui a chipé à Sir Bobby Charlton la casquette de meilleur buteur de la sélection, mais systématiquement absent des derniers tours des compétitions continentales et mondiales.
Depuis sa première sélection à l’âge de 17 ans et 111 jours – un record à l’époque -, le 12 février 2003 face à l’Australie, Rooney n’a en effet pas connu mieux que les quarts de finale, des championnats d’Europe 2004 et 2012 et de la Coupe du monde 2006. A chaque fois, sa sélection a été éliminée aux tirs au but.
Symbole là encore des difficultés des « Trois Lions » au niveau international, Rooney a dû attendre 2014 pour inscrire son premier but en phase finale de Coupe du monde. Sans pouvoir éviter l’infamante dernière place de son groupe D à l’Angleterre…
– La finesse de ‘Shrek’ –
Rooney est pourtant l’un des meilleurs de sa génération, champion d’Angleterre à cinq reprises avec Manchester United et vainqueur de la Ligue des champions en 2008.
Sa finesse technique et son intelligence de jeu, dissimulées par une carrure de boxeur qui lui a valu d’être surnommé « Shrek », l’ogre sale et disgracieux du dessin animé des studios DreamWorks, ont fait le bonheur de ManU et de son ancien manager, Sir Alex Ferguson.
Depuis le départ de l’Ecossais et surtout depuis l’arrivée du Portugais Jose Mourinho, l’aura de Rooney a toutefois pâli, jusqu’à son départ cet été pour Everton, son club formateur qu’il avait quitté en 2004. « Quitter Manchester United a été difficile mais je sais que j’ai pris la bonne décision en revenant chez moi à Everton. Désormais, je veux concentrer toute mon énergie pour les aider à réussir« , a-t-il déclaré mercredi.
– Frasques en sélection –
En sélection aussi son influence a progressivement décliné, surtout depuis que la presse anglaise a publié, en novembre 2016, des photos le montrant apparemment ivre lors d’une soirée de mariage en marge d’un rassemblement de l’équipe d’Angleterre. Il n’a d’ailleurs plus porté le maillot de son équipe nationale depuis cette date: sa dernière sélection remonte au 11 novembre 2016, et un match de qualifications pour le Mondial-2018 contre l’Ecosse.
Sa décision s’explique aussi par l’émergence d’une nouvelle génération, qui du joueur de Liverpool Adam Lallana à celui de Tottenham Dele Alli, conteste de plus en plus ouvertement la place de meneur de l’équipe d’Angleterre. Celle-ci occupe la première place de son groupe F de qualifications pour le Mondial-2018 après six journées, et avant d’affronter début septembre Malte et la Slovaquie.
« Parmi mes très rares regrets, celui de n’avoir pas participé avec succès à une grande compétition avec l’Angleterre. J’espère que les joueurs prometteurs que Gareth fait venir en sélection pourront mener ces ambitions plus loin, et j’espère que tout le monde sera derrière l’équipe« , a d’ailleurs conclu Rooney mercredi en assurant qu’il « resterait toujours un supporter passionné de l’Angleterre« .