La contamination par la salmonelle d’une usine française de lait infantile du groupe Lactalis a suscité étonnamment peu de signalements de salmonelloses ailleurs qu’en France, a souligné ce mercredi une responsable des autorités sanitaires françaises, estimant que certains cas avaient pu passer inaperçus.
« Les lots de lait rappelés ont été exportés je crois dans plus de 85 pays »
dont l’Algérie, a déclaré Nathalie Jourdan-Da Silva, médecin épidémiologiste de Santé publique France, devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur cette affaire. « À notre connaissance il y a eu deux cas [de salmonellose chez des bébés] confirmés en Espagne, et un cas en Grèce. On peut s’étonner, avec 38 cas en France », a-t-elle ajouté.
La spécialiste a laissé entendre que des cas de cette maladie avaient pu ne pas être reliés aux produits Lactalis. « Les systèmes de surveillance pouvant être différents d’un pays à l’autre sur des infections alimentaires, la France a un système très performant (…) ce qui n’est pas le cas de tous les autres pays. C’est des questions, après, de priorités, de moyens », a expliqué Mme Jourdan-Da Silva.
Les cas espagnols et grec avaient été révélés dans la revue médicale Eurosurveillance le 12 janvier, plus d’un mois après le déclenchement de l’alerte en France le 1er décembre. Tous les bébés atteints de la maladie se portent aujourd’hui bien, dans les trois pays, d’après Mme Jourdan-Da Silva.
La commission d’enquête sur Lactalis, qui a d’abord entendu le président de l’association des victimes puis des fonctionnaires, a répété qu’elle souhaitait entendre le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, à une date qui reste à définir. « Nous auditionnerons bien M. Besnier » ainsi que trois dirigeants de la grande distribution, « à savoir Michel-Édouard Leclerc, Alexandre Bompard » (PDG de Carrefour) « et Régis Degelcke pour Auchan », a indiqué le président de la Commission d’enquête, le député du Nord Christian Hutin.
En Algérie, la filiale du groupe Lactalis Celia Algérie a décidé décembre dernier de rappeler l’ensemble des produits infantiles et nutritionnels en vente dans le pays. Le rappel a concerné tous les produits infantiles et nutritionnels fabriqués ou conditionnés dans le site de Craon (France) de la firme Lactalis depuis le 15 février 2017. « Bien que tous les lots aient été analysés et déclarés conformes par le laboratoire vétérinaire régional de Tlemcen, notre priorité est la santé des enfants et c’est pourquoi Celia Algérie a décidé de maintenir la procédure de rappel par mesure de précaution », avait indiqué Celia Algérie.
« Il est important de noter que les analyses menées par le Laboratoire régional vétérinaire de Tlemcen sur tous les produits importés par Célia Algérie, ainsi que toutes les contre-analyses faites par l’Institut Pasteur Algérie se sont révélées conformes. C’est-à-dire qu’aucune trace de contamination n’a été découverte sur des produits Celia importés en Algérie », a souligné en janvier Celia Algérie. L’entreprise n’a toutefois pas communiqué depuis sur une éventuelle reprise de la commercialisation des laits infantiles.