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« 1, 2, 3 Kabylie », un méga-concert à Paris-Bercy pour désenclaver la chanson kabyle

D’abord un constat : Idir a fait voyager la chanson kabyle dans le monde entier. Le jeune Allaoua lui a fait franchir les portes de tous les foyers à l’échelle du territoire national. 

Ce ne sont pas les seuls à avoir bousculé les frontières, mais ce sont les figures les plus emblématiques d’une ambition qui va désormais s’affirmer de plus en plus pour ne pas risquer l’extinction pure et simple : “désenclaver” la chanson kabyle et lui permettre de conquérir un public large dans ce monde gouverné par le roi Data où ses principaux exécutants sont les Gafa (la quinzaine de géants du web comme Google et Facebook). 

Pour donner le coup d’envoi à cette ambition, les planètes se sont alignées : Idir, Ait-Menguellet et Allaoua, soit les trois géants de la chanson kabyle avec chacun son style, ont donné leur accord à un concert commun. Yennayer 2019 tombera un samedi. Et la salle Paris-Bercy est disponible ce jour-là, avec ses 20.000 places. Si chacun des trois artistes s’est déjà produit, seul ou avec d’autres, au Zénith, c’est la première fois que la chanson kabyle va occuper la scène la plus célèbre de France. “C’est un évènement exceptionnel”, se réjouissent de concert artistes et organisateurs. “Toutes les conditions sont réunies pour faire un spectacle lumineux”, insiste Idir.

“Il faut que cela soit une nouvelle étape dans l’histoire de la chanson kabyle sinon on n’avancera pas”, ajoute Idir dont l’inusable Vava Inouva est traduite dans des dizaines de langues. En la matière, nul n’a fait autant que lui, nul plus que lui ne peut revendiquer le titre d’ambassadeur de la musique kabyle : des scènes diverses, des duos avec de grands noms (Charles Aznavour, Maxime Le Forestier, Alan Stivell, Giles Servat, Mami ou Khaled) et des albums (identités, la France des couleurs). 

“On ne fait pas assez pour aller vers l’autre”, déplore le roi de la mélodie qui fêtera en 2019 ses 70 ans. Idir ne s’est pas privé de tirer l’oreille “aux gens de chez nous qui veulent nous enfermer dans une cage” et dit n’avoir “rien contre l’arabophonie“. Pour autant, il observe qu’il n’y a pas le même élan de la part du courant dominant. “On est toujours le parent pauvre de la politique culturelle”, déplore-t-il. Du concert du 12 janvier, il escompte “un progrès technique et artistique” en raison des moyens qui seront mobilisés et sur lesquels il faudra essayer d’investir.

Algérois qui n’a pas été élevé dans la langue kabyle, Allaoua est aujourd’hui l’une de ses figures les plus connues. Il fournit la démonstration que c’est une langue qui peut être apprise et adoptée hors d’un espace de plus en plus restreint où certains veulent l’enfermer. Ce concert prend pour lui les allures d’un rêve : chanter avec Idir et Lounis. C’est par leurs chansons qu’il en est venu à apprendre la langue, a-t-il confié. 

Un peu souffrant, Ait-Menguellet n’a pas pu participer de son côté à la conférence de presse tenue aujourd’hui à Paris. “Rien de bien méchant”, a-t-il assuré dans un message transmis à distance. 

Par son intitulé, le méga concert rappelle l’album live “1, 2, 3 soleil” réalisé par le trio Taha, Khaled et Faudel. Ce n’est pas un hasard. Et puisqu’il s’agit de bousculer les frontières, il faudra aussi rendre un hommage à Rachid Taha. Et pas seulement à Djamal Allam et à Lounes Matoub. Yennayer est une fête nationale !

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