Les étudiants ont de nouveau marché ce mardi 6 avril. A Alger, ils étaient au moins aussi nombreux que mardi dernier à arpenter les rues du centre-ville, de la place des Martyrs jusqu’à la Grande-Poste.
La mobilisation du Hirak estudiantin ne faiblit pas et on l’a encore constaté ce mardi. Des étudiants, mais aussi beaucoup de citoyens venus leur prêter main forte, se sont rassemblés dès le milieu de la matinée au lieu habituel du départ de la manifestation, la place des Martyrs.
La procession s’est ébranlée vers 11h30, grossissant à vue d’œil à mesure qu’elle s’enfonce dans les entrailles de la ville. De la rue Bab-Azzoun à la rue Didouche-Mourad, de nombreux manifestants se sont joints à la marche qui survient cette fois dans un contexte bien particulier.
La veille, le spectre des incarcérations est revenu avec le placement sous mandat de dépôt de 24 manifestants arrêtés lors d’une tentative de marche samedi passé à Bab El Oued (Alger).
D’autres militants, comme les anciens détenus Mohamed Tadjadit et Malik Riahi, ont été arrêtés et se trouvent toujours en garde à vue suite à la diffusion de la vidéo du mineur de 15 ans qui a fait beaucoup de bruit.
Interpellé lors de marche de samedi, l’adolescent a affirmé en pleurs avoir subi des sévices dans un commissariat d’Alger. Le procureur général de la Cour d’Alger a réagi hier lundi en révélant une partie de ce qu’a dit le mineur aux enquêteurs.
“Le seul fait qu’il a rapporté est d’avoir été poussé par un talkie-walkie avant d’être conduit au siège de la Sûreté, ajoutant qu’il lui a été demandé avec insistance de préciser la nature de l’agression, dont il prétend avoir été victime”, a indiqué le procureur.
Les étudiants qui ont marché lors de ce 111e mardi ont exprimé leur totale solidarité aux personnes arrêtées et appelé à leur libération immédiate, ainsi que tous les détenus d’opinion.
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Solidarité avec les manifestants incarcérés
« Le régime veut punir Bab El Oued à cause des marées humaines qui viennent de ce quartier », a indiqué un des manifestants qui a pris la parole à la fin de la marche. D’autres ont insisté sur la nécessité de maintenir les marches du samedi, malgré la répression.
Avec ce qui s’est passé samedi et hier lundi, beaucoup appréhendaient la manifestation de ce mardi, redoutant une intervention musclée des forces de l’ordre. Mais la marche s’est déroulée comme les précédentes, c’est-à-dire dans le calme et dans une organisation parfaite.
La police n’est pas intervenue, se contentant d’accompagner et d’encadrer les manifestants. Une arrestation a été toutefois signalée à la place des Martyrs, avant le départ de la marche. Il s’agirait d’un étudiant.
A Tizi Ouzou par contre, la marche des étudiants a été de nouveau empêchée. Quelques dizaines de manifestants, partis du campus Hasnaoua, ont été bloqués au centre-ville par un cordon des forces de l’ordre. Les étudiants n’ont pas tenté de forcer le passage, se contentant de scander les slogans habituels du Hirak.
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