Vendredi 2 avril, 111e acte du Hirak. Il y a deux ans jour pour jour, Abdelaziz Bouteflika remettait sa démission après vingt ans au pouvoir et cinq vendredis de manifestations populaires, d’une ampleur rarement vue dans le monde, pour l’empêcher d’aller au-delà de quatre mandats à la tête de l’Algérie.
Le cinquième mandat surréaliste que voulaient s’offrir Bouteflika, ses frères et leurs soutiens était certes l’étincelle qui a déclenché le brasier du Hirak, mais son empêchement n’était pas la finalité des manifestants.
La preuve, deux ans après, et alors que le président déchu se fait oublier dans sa résidence d’Etat médicalisée, son frère qu’on disait tout puissant et les principales figures de son cercle croupissent derrière les barreaux, une partie des Algériens est toujours dans la rue, portant la même revendication née dans la fin chaotique du long règne de Bouteflika : le changement radical du système politique.
Ils le font depuis 111 semaines, car même si les manifestations ont connu une trêve sanitaire entre avril 2020 et février 2021, la flamme du Hirak a été entretenue et la principale revendication du mouvement a continué à être scandée sur les réseaux sociaux.
Ce vendredi 2 avril, les Algériens ont donc de nouveau marché dans de nombreuses villes du pays. A Alger, baromètre de la mobilisation, les manifestants étaient au moins aussi nombreux que les week-ends précédents.
Les images sont comme d’habitude impressionnantes avec des marrées humaines qui déferlent sur le centre-ville, à la rue Assselah-Hocine, Didouche-Mourad ou la Grande-Poste.
Les mesures dissuasives étaient pourtant toutes là : centre d’Alger quadrillé par un dispositif policier impressionnant et barrages filtrants aux entrées de la capitale pour priver le Hirak de l’apport des manifestants des wilayas limitrophes.
La rampe Mustapha-Benboulaid, d’où sont prises les images impressionnantes des manifestants venant des quartiers ouest de la capitale, Bab El Oued notamment, a été occupée par une file de fourgons de police dès la matinée.
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La visibilité du hirak ciblée
Une tentative d’ôter au Hirak sa visibilité, faute de pouvoir réduire la mobilisation. Il est vrai que les images prises chaque vendredi à partir de cet endroit annihilent à elles seules tous les efforts pour minimiser l’ampleur des manifestations.
Des citoyens ont pu dérober quelques photos et vidéos et malgré la forte présence de la police, il n’y a pas eu d’incidents. Comme il n’y a pas eu d’interpellations, contrairement à vendredi dernier où des arrestations ciblées avaient touché quelques figures connues du Hirak à la fin de la marche.
Le mouvement populaire confirme donc définitivement son retour en force et la mobilisation va crescendo à mesure qu’approche le rendez-vous des élections législatives prévues le 12 juin prochain, l’une des dernières étapes de la feuille de route du pouvoir que celui-ci s’obstine à mettre à mener à terme et que le Hirak continue à rejeter avec détermination.
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Un rejet réaffirmé avec force ce vendredi à travers les pancartes brandies et les slogans scandés par les manifestants. D’autres pancartes, nombreuses, évoquent la nécessité de garder l’unité des rangs et de transcender les clivages idéologiques.
Autre sujet très présent dans la thématique de ce 111e vendredi : les pressions que subit le jeune juge Saâdeddine Marzouk. Le président du Club des magistrats (non agréé), engagé dans un combat pour l’indépendance de la justice, est traduit devant le conseil supérieur de la magistrature.
Un automobiliste fonce sur la foule à Bejaia
Les manifestants ont été nombreux à lui apporter leur soutien en brandissant son portrait et en appelant à l’affranchissement de l’appareil judiciaire de la tutelle du pouvoir politique.
Enfin, énième preuve que Bouteflika et son cinquième mandat ne sont qu’un détail dans le soulèvement populaire qui dure depuis février 2019, le président déchu est complètement ignoré par ceux qui sont sortis dans la rue en ce 111e vendredi, qui marque pourtant le deuxième anniversaire de sa chute.
Des manifestations similaires ont eu lieu dans d’autres villes du pays, à l’instar de Bejaia où un automobiliste a foncé dans la foule, pour des raisons inconnues, avant d’être arrêté par des manifestants qui ont saccagé sa voiture. Il aurait blessé plusieurs marcheurs.
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