Le dispositif policier impressionnant déployé dès la matinée de ce mardi 27 avril au centre d’Alger laissait entrevoir un tel scénario : la marche du 114e mardi des étudiants a été brutalement empêchée par les forces de l’ordre et de nombreux manifestants, étudiants, enseignants universitaires et simples citoyens, ont été arrêtés. On parle de dizaines d’interpellations.
Lorsque, comme chaque mardi, les premiers manifestants commençaient à arriver vers 11h à la place des Martyrs, lieu habituel du départ de la marche, l’endroit était déjà occupé par un impressionnant dispositif sécuritaire.
Tous ceux qui s’approchaient de la célèbre place sont empêchés d’y accéder. Les récalcitrants sont interpellés, notamment les animateurs du Hirak estudiantin.
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Le même dispositif renforcé est déployé tout au long de l’itinéraire habituel de la manifestation des étudiants, de la place des Martyrs jusqu’à la Grande-Poste, en passant par la rue Bab Azzoun, le square Port-Saïd, la rue Ali Boumendjel, Ben M’hidi, le Boulevard Amirouche et la rue Didouche Mourad.
Au même moment, ceux qui s’apprêtaient à se rassembler à la place Émir Abdelkader, au Square Port-Saïd et au centre d’Alger pour attendre la procession, subissent le même sort.
Des dizaines de manifestants sont interpellés, certains brutalement et mis dans les fourgons cellulaires.
Parmi les personnes interpellées figurent des animateurs connus du Hirak estudiantin, comme Abdenour Aït Saïd ou Kaïs Ould Ammar.
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« Un fourgon plein à craquer, des femmes pleurent… »
Plusieurs sources, dont le comité national pour la libération des détenus (CNLD), assuraient au milieu de l’après-midi être « sans nouvelles » du professeur de physique à l’université USTHB, Abdeslam Mahana, et du Dr Djamel Eddine Oulmane. Ils avaient été vus pour la dernière fois vers 11h à la rue Ali-Boumendjel. L’enseignante et politologue Louisa Ait Hamadouche aurait été également arrêtée.
Certaines personnes interpellées ont été relâchées, comme le journaliste Zoheir Aberkane qui a témoigné par la suite sur les réseaux sociaux : « Seconde interpellation à ma sortie du commissariat. Au même moment un groupe tente de lancer la marche. La police intervient violemment. Le jeune Rahim Attaf est interpellé ainsi que Hassan Mebtouche. Un fourgon cellulaire est plein à craquer. Les interpellés cognent de toutes leurs forces sur les parois métalliques. Des femmes pleurent… ».
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La majorité des manifestants arrêtés étaient toujours retenus vers 15h 30
Les étudiants manifestent chaque mardi depuis février 2019 en appoint aux marches populaires du Hirak qui ont lieu chaque vendredi, hormis lors de la pause observée à cause de la pandémie de Covid-19 entre avril 2020 et février 2021.
Il est arrivé que des incidents soient signalés et des interpellations opérées, mais c’est la première fois en plus de deux ans que la marche des étudiants à Alger est ainsi réprimée et empêchée.
Lors de la reprise du Hirak estudiantin, le 23 février dernier, la police avait tenté d’empêcher la marche, mais elle s’était contentée de bloquer le passage devant les manifestants.
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