Il est 10h30, ce mardi 18 juin, lorsque les étudiants donnent à Alger, le coup d’envoi de leur dix-septième journée de protestation contre le régime en place. Comme la semaine précédente, rendez-vous était donné Place des Martyrs, à quelques mètres de la station de métro éponyme, direction place Audin.
« Il y a toujours de l’espoir mais je pense que beaucoup d’étudiants sont encore inconscients. Pour que notre pays se développe et soit nettoyé de la corruption, il faut rester solide. Pourtant j’ai l’impression que notre nombre diminue de semaine en semaine ».
Maria est née en Algérie. Elle a quitté la France où elle s’était installée, dès les premiers jours de contestation. « Je n’ai raté aucune manifestation, ni le vendredi, ni le mardi, précise la jeune femme. Et nos revendications sont toujours les mêmes depuis le début de notre révolution ».
Maria dit en avoir « marre » et n’être en rien convaincue par la chasse aux sorcières ouverte à l’encontre des personnalités politiques proches du président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika. « Nous ne sommes pas dupes. Il faut d’abord nettoyer la justice, ces magistrats corrompus… Il faut des gens intègres ! »
« Ils ne prennent pas en considération les revendications populaires. Ils veulent organiser des élections selon leurs intérêts personnels et les intérêts du système. Mais on ne veut plus de la génération du système, rappelle Chaïnez, étudiante à l’École nationale polytechnique. Ce qu’il faut aujourd’hui, en priorité, c’est réviser les pouvoirs du président de la République car ils sont excessifs. Il faut aussi une commission libre et indépendante pour l’organisation du prochain vote. Et cette commission elle doit être choisie par le peuple. Une fois qu’on aura fait tout ça, on saura que le prochain président que nous élirons ne sera pas un dictateur élu par la voie démocratique ».
Comme souvent le mardi, de nombreux enseignants ont aussi défilé aux côtés de leurs élèves. « Il faut maintenir la pression, explique l’une d’entre eux, qui exerce à l’USTHB. Notre but, c’est que le système dégage. Les partis politiques, la société civile doivent s’organiser pour qu’on sorte avec quelque chose de consistant une bonne fois pour toute ! »En dépit d’importants cordons de polices déployés devant la Grande Poste ou encore le tunnel des facultés, la marche s’est déroulée dans le calme. Les étudiants n’ont pas manqué de garder le silence à proximité des centres d’examen, où des milliers de lycéens passent en ce moment les épreuves du baccalauréat…