La mobilisation des étudiants demeure intacte. Pour le dix-neuvième mardi consécutif de protestation, ils étaient plusieurs milliers à battre le pavé à travers plusieurs wilayas pour réitérer leurs revendications « pour un Etat civil et démocratique », pour « une justice indépendante » et pour « la liberté d’expression et de la presse».
Faisant écho à la toute récente actualité marquée par l’emprisonnement du Moudjahid Lakhdar Bouregâa, les étudiants ont lancé un appel pressant pour sa libération et plus généralement à la libération de l’ensemble des détenus d’opinion.
A Alger, les étudiants ont été fidèles à leur rendez-vous hebdomadaire. Moins nombreux certes, en raison de la période des examens, les marcheurs ont réitéré leur revendication pour le départ de tout le système notamment ses deux figures en les personnes du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, et son Premier ministre Noureddine Bedoui.
Aucun incident notable
Juste avant le coup d’envoi de la marche, les étudiants ont entonné l’hymne national. Il était 10 heures passées de quelques minutes lorsque la procession des marcheurs a démarré de la placette de la Place des Martyrs à Alger.
Dans une organisation parfaite, la foule s’est lancée entourée d’un dispositif policier important. Mais malgré la forte présence policière, aucun incident notable n’a été enregistré. Cela contraste avec les dernières marches où la police a usé de violence à l’encontre des étudiants.
Rue Hachemi Hamoud, la foule des marcheurs suivie de près par les forces de sécurité, appelle à la libération des détenus d’opinion, et en particulier le moudjahid Lakhdar Bouregâa. Des chants patriotiques fusent, repris en chœur par les manifestants.
Les marcheurs empruntent ensuite la rue Makhlouf Abdelkader. Ils réitèrent leur revendication pour une justice indépendante. Place Mohamed Touri près du TNA, les étudiants lancent un avertissement au gouvernement : « Ya h’na ya n’touma, dégage yal houkouma (ce sera nous ou vous, gouvernement dégage).
Arrivés à hauteur de la rue Larbi Ben M’hidi, les marcheurs annoncent : « 5 juillet kayen Tsunami (il y a aura un tsunami le 5 juillet) en référence à la marche du vendredi qui coïncidera avec la célébration de la fête de l’Indépendance.
Les dernières arrestations de manifestants révoltent les marcheurs. « Ces arrestations et cette agression de l’Etat sont un indice que la bête est en train de se débattre. Mardi dernier, on a revu les pratiques du système Bouteflika aux premiers jours du soulèvement citoyen du 22 février. Nous espérons que le mouvement estudiantin et plus généralement le mouvement citoyen maintiendront leurs marches pour arracher leur liberté », explique Abdelhak, étudiant de l’USTHB. Pour cet étudiant en géologie, la mobilisation des étudiants demeure encore intacte au grand dam de ceux qui ont misé sur son essoufflement.
« Les étudiants sont venus très nombreux. Il faut savoir que nous sommes en période d’examens et de soutenances mais nous sommes là. Nous maintenons notre marche », ajoute l’étudiant.
Sortie de crise : les étudiants s’impliquent
Devant la multiplication des initiatives citoyennes pour une sortie de crise, Abdelhak explique que les étudiants ne comptent pas rester en retrait et s’impliquent directement notamment avec le mouvement Nabni.
Les étudiants s’organisent aussi afin de participer à la conférence de l’opposition et de la société civile, prévue le 6 juillet prochain. L’étudiant en géologie révèle à ce sujet que les étudiants de différents campus à travers le pays préparent une plateforme de revendications concernant le statut de l’étudiant et qui pourrait être présentée à l’occasion de cette conférence.
Il y a lieu de signaler par ailleurs qu’un « Pôle des étudiants algériens» est en cours de création, devant regrouper différentes facultés et écoles supérieures du pays. Deux pôles sont déjà créés, celui du centre et celui de l’ouest.