Politique

19e vendredi : le hirak à l’épreuve de la canicule et de l’absence de perspectives politiques

Les températures caniculaires annoncées ne devraient pas empêcher les Algériens de sortir de nouveau nombreux ce vendredi 28 juin, dix-neuvième grande journée de contestation depuis le 22 février.

La capacité de résilience du mouvement populaire enclenché il y a quatre mois est maintenant éprouvée : toutes les prophéties sur l’essoufflement de la mobilisation faites à la veille de chaque vendredi ont été démenties, que l’aléa avancé soit climatique, politique, sécuritaire ou autre.

Aucune raison donc pour qu’il n’en soit pas de même pour ce dix-neuvième acte, même si cette fois la mobilisation est appelée à faire face à une conjonction de facteurs a priori défavorables, à savoir la canicule, la recrudescence des manœuvres de division et la montée d’un cran de la répression.

Vendredi dernier, plusieurs manifestants ont été interpellés. Dix-huit citoyens sont officiellement inculpés d’atteinte à l’unité nationale et attendent à la prison d’El Harrach d’être jugés. Leur tort : avoir été en possession d’un drapeau amazigh.

C’est la première fois que le pouvoir a recours à l’emprisonnement et la réaction de la rue à ce nouveau tour de vis sera déterminante. La mobilisation ne devrait pas être affectée, à en croire les commentaires partagés durant toute la semaine sur les réseaux sociaux, certes partagés sur l’utilité de continuer à brandir les bannières indésirables, mais unanimes à appeler à sortir en masse et à insister sur l’unité des rangs et la cohésion des revendications.

Ce dix-neuvième vendredi coïncide aussi avec la multiplication des initiatives politiques de sortie de crise et c’est également une nouveauté. La semaine a en effet vu la classe politique tenter d’emboîter le pas à la société civile qui s’est dotée d’une feuille de route il y a deux semaines.

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Les partis des Forces du changement et ceux de l’Alternative démocratique peaufinent leurs feuilles de route respectives, divergeant sur certains points mais unanimes à en laisser l’appréciation au seul hirak.

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C’est sans doute en fonction de ce qui sera entendu et lu ce vendredi que les uns et les autres arrêteront leur position finale, en ce sens que les pancartes et slogans des manifestants devraient constituer un premier baromètre qui permettra de tâter le pouls de la rue sur cette question de dialogue, ses modalités et ses objectifs.

Ils devraient aussi permettre de connaître la réponse du peuple au chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaid Salah qui, dans son allocution prononcée mercredi à l’Académie de Cherchell, a sollicité sa « compréhension », soumettant lui aussi son action à l’appréciation des Algériens desquels il a dit attendre qu’il voient « chaque étape que nous franchissons, chaque voie que nous empruntons, chaque parole que nous prononçons, chaque direction vers laquelle nous nous dirigeons et chaque démarche que nous adoptons ».

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