Politique

22e vendredi et finale de la CAN : ne pas oublier les détenus du Hirak

Après le vingtième vendredi qui a coïncidé avec la célébration de la fête de l’indépendance et la forte mobilisation qu’ont connue les rues d’Alger et de nombreuses villes du pays, le vingt-deuxième acte de la révolution populaire survient le jour où l’équipe d’Algérie de football joue une finale de Coupe d’Afrique.

Une autre fête et une autre démonstration de force en perspective ? C’est le souhait de tous les Algériens qui, comme le 5 juillet, veulent vivre un autre moment de joie tout en ne perdant pas de vue ce pourquoi ils battent le pavé depuis maintenant cinq mois.

A la différence du vingtième vendredi où la célébration de la victoire sur le colonialisme et les marches pour le changement avaient eu lieu simultanément, dans un même événement, un problème de timing risque de se poser cette fois : les manifestations sont prévues comme de coutume en début d’après-midi et le match débutera à 20 heures pour se terminer aux environs de 22 heures, s’il n’y a pas de prolongations.

L’impact de l’événement sur la mobilisation demeure la grande inconnue même si, sur les réseaux sociaux, la fréquence des appels à manifester n’a pas baissé et les internautes ont exprimé la même détermination que rien ne les fera distraire.

Ceux qui s’attendent à une autre journée de grande mobilisation mettent en avant le fait que les marcheurs auront largement le temps de rejoindre leur domicile après la fin des manifestations qui survient d’habitude vers 18h.

Invité surprise du mouvement populaire, le parcours des Verts en Egypte a plutôt galvanisé les manifestants contrairement aux attentes de ceux qui, des décennies durant, ont fait du football un opium pour endormir et distraire.

Lors des marches ou dans les discussions sur les réseaux sociaux, on rappelle à juste titre que le hirak a commencé dans les stades et que le succès actuel de l’équipe nationale, le pays le doit à la montée au créneau, en 2018, des jeunes qui ont forcé la main à la Fédération pour engager Djamel Belmadi comme sélectionneur après lui avoir imposé le limogeage de Rabah Madjer qu’on dit nommé sur injonction des autorités politiques de l’époque.

Pour les jeunes, l’épopée en cours, quelle que soit son issue finale, est d’abord celle du peuple. Aussi, l’équipe actuelle, par la solidarité et le patriotisme des joueurs et la compétence de l’entraîneur, incarne la nouvelle Algérie rêvée.

En tout cas, la communion entre l’équipe nationale et le mouvement populaire est totale. Les jeunes qui ont fait le déplacement au Caire scandent les mêmes slogans entendus chaque vendredi à Alger et même les joueurs ont surpris leurs fans en entonnant l’hymne du hirak après la qualification en finale.

Que l’ampleur de la mobilisation recule ou pas, ce vingt-deuxième vendredi sera l’occasion pour les jeunes algériens de faire de la fête avant et peut-être après le match, mais une éventuelle victoire de l’équipe nationale, qui demeure très probable, ne devrait pas leur faire oublier le sort de leurs camarades arrêtés lors des précédentes manifestations.

Ils auront aussi, comme il est maintenant de coutume, à dire le fond de leur pensée par rapport aux événements de la semaine, dont cette initiative de la société civile qui a proposé une liste de personnalités pour mener le dialogue. Une proposition un peu trop vite acceptée par le pouvoir…

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