« Nous allons gagner la Coupe d’Afrique et ils vont tous dégager ». Pour ce 22e vendredi consécutif, les Algériens sont sortis à travers le pays pour des manifestations sous le signe de l’optimisme et de la détermination : l’Algérie va remporter la Coupe d’Afrique et le régime finira par céder.
L’équipe nationale joue ce soir la finale de la Coupe d’Afrique des nations contre le Sénégal en Égypte. Alors que le pouvoir a mis tous les moyens pour tenter de récupérer l’événement à son avantage, les Algériens ont tenu à dire que l’équipe nationale est d’abord celle du peuple.
Dans leurs slogans les manifestants ont rappelé au pouvoir que les temps où le football était utilisé pour faire oublier les vrais problèmes du pays sont révolus. Cette fois, les exploits de l’équipe nationale de football ne feront pas oublier aux Algériens l’essentiel, à savoir obtenir le départ du régime en place pour installer le pays sur la voie de la démocratie.
Pour y parvenir, les Algériens affichent leur détermination. Alors que le Hirak s’apprête à entrer dans son sixième mois, la mobilisation ne faiblit pas. À Alger, malgré un dispositif policier encore plus important que les précédents vendredis, les manifestants ont été nombreux à sortir manifester.
Les slogans n’ont pas varié : « État civil et non militaire », « départ des symboles du régime », « non aux élections avec les bandes », « liberté pour les détenus d’opinion », « fin des atteintes aux libertés »… Des slogans qui illustrent à quel point les Algériens sont conscients que les acquis du Hirak restent maigres, malgré le départ de Bouteflika et l’emprisonnement de la majorité des acteurs politiques de son règne.
Ces slogans constituent également un rappel des préalables à tout dialogue ou discussion, alors que l’initiative lancée mercredi par le Forum civil pour le changement semble avoir été accueillie favorablement par le pouvoir.
Sans mesures d’apaisement et volonté claire de répondre aux revendications des manifestants, ce processus subira le même sort que la dernière tentative d’organiser l’élection présidentielle : un rejet, synonyme d’échec assuré.
Pour l’heure, le pouvoir n’envoie aucun signal d’apaisement. Certes, aujourd’hui, pour la première fois depuis plusieurs semaines, aucune arrestation de manifestants n’a été signalée. Mais les forces de sécurité ont tout fait pour tenter de réduire le nombre de manifestants à Alger.
En plus des traditionnels barrages de gendarmerie aux entrées de la capitale, la police, déployée en nombre au centre-ville, a réduit considérablement les espaces utilisés par les manifestants. D’un côté, le pouvoir affiche sa disponibilité à dialoguer. De l’autre, il cherche par tous les moyens à mettre fin au Hirak. Un double visage qui jette le trouble sur ses vraies intentions.