Ni la canicule étouffante, ni la proximité de la fête du sacrifice qui a dû contraindre des milliers de familles à quitter la capitale pour rejoindre l’intérieur du pays, encore moins les vacances n’ont dissuadé les Algérois de descendre en masse ce 25e vendredi.
Sans spéculer sur le nombre, ils étaient plusieurs centaines à battre le pavé, notamment depuis la fin de la prière de vendredi, en plein cœur d’Alger, notamment sur la principale artère, la rue du Didouche Mourad.
En dépit d’un déploiement impressionnant de policiers qui n’hésitent pas par moments à dresser des boucliers dans les rues adjacentes pour empêcher la progression des marcheurs, la foule était au rendez-vous : jeunes, vieux, femmes, enfants, tous, dans une ambiance festive, drapeaux ou pancartes à la main, étaient au rendez-vous pour clamer de nouveau ce qu’ils n’ont pas cessé de scander depuis février dernier : « On ne s’arrêtera pas jusqu’à ce qu’ils partent tous ».
Comme lors de la précédente manifestation, le panel de dialogue et de médiation conduit par Karim Younes a eu pour son grade : « Pas de dialogue, pas d’élections avec les gangs ».
Mais c’est assurément, l’appel à la libération des détenus d’opinion qui a été longtemps scandé par les manifestants. « Voleurs, libérez nos enfants pour qu’ils puissent passer la fête de l’Aid avec nous » et « Libérez Bouregâa ».
Sur certaines pancartes, on pouvait lire notamment « le maintien des symboles du gang signifie la continuité du système », ou encore « on ne veut pas d’une république policière » et « enseignez l’histoire de l’Afrique du Nord aux juges ! »…
Au milieu de la foule, non loin de la Grande poste, un jeune a même brandi un drapeau berbère suivi par des clameurs : « Imazighen », avant qu’il ne le dissimule.
Peu avant la fin de la marche, une centaine de manifestants se sont même assis à même la chaussée en répétant en boucle les chansons apparues durant les marches et stigmatisant les symboles du régime.
Mais contrairement à vendredi dernier, l’appel à la désobéissance civile n’a pas connu de « franc succès ». C’est parce que le contexte est exceptionnel et les conditions tellement difficiles que la mobilisation de ce vendredi constitue sans aucun doute un sérieux baromètre pour la rentrée sociale dans moins d’une vingtaine de jours avec le retour des étudiants, des lycéens, des enseignants et tous les fonctionnaires.
Maitre Nourredine Benissad, président de LADDH pronostique un retour en force du hirak dès la rentrée sociale. “Le hirak sera plus fort à la rentrée sociale”, a-t-il dit au micro de TSA.
D’ailleurs, des manifestations similaires, parfois même imposantes, ont eu lieu dans de nombreuses wilayas du pays, au Centre, à l’Est comme à l’Ouest, y compris où la chaleur sévit, comme à Laghouat où les citoyens commençaient à manifester en fin de journée.