Quarante-troisième mardi des étudiants, le premier après l’élection du 12 décembre. Ils étaient nombreux à marcher dans les rues d’Alger, comme ils le font depuis près de dix mois.
La marche a débuté vers 10h30, soit l’horaire habituel, au même lieu, la place des Martyrs. Comme d’habitude, les étudiants ont été rejoints par de beaucoup de citoyens. Contrairement à mardi dernier, où ils avaient changé de destination pour se diriger vers les hauteurs de la rue Didouche-Mourad, cette fois les étudiants ont repris leur itinéraire habituel de la place des Martyrs à l’esplanade de la Grande poste, en passant par les rues Bab-Azzoun, Ali-Boumendjel, Ben M’hidi, Didouche-Mourad…
La marche de ce mardi survient moins d’une semaine après l’élection présidentielle et il était normal que les slogans des étudiants soient dominés par le résultat du scrutin, à savoir l’élection de Abdelmadjid Tebboune. « Nous ne sommes pas concernés par vos élections, et votre président ne nous gouvernera pas », « Allahou akbar, on n’a pas voté, Tebboune ne nous représente pas », « vote truqué » ont entonné les manifestants, entre autres slogans.
En revanche, l’appel au dialogue lancé par ce dernier au lendemain de son élection n’est pas rejeté avec la même intensité. Il divise même les manifestants puisque certains d’entre eux se sont montrés favorables aux discussions avec le pouvoir, estimant que le dialogue est la seule solution pour sortir de la crise actuelle.
Néanmoins, même ceux qui sont pour le dialogue se sont montrés intransigeants sur la question des détenus d’opinion qui « doivent être libérés immédiatement ». Abdou, étudiant en droit, affirme dans ce sens : « Ceux qui nous représentent sont en prison, on ne peut pas parler de dialogue avant leur libération ». « Nous n’acceptons aucune des personnalités qu’ils ont proposées, c’est à nous de choisir », ajoute-t-il.
D’autres sont carrément contre l’idée de désigner des porte-parole pour le mouvement. « Le hirak n’aura pas de représentants », lit-on sur une pancarte brandie par un homme d’un certain âge. « On ne dialogue pas avec une bande. S’ils veulent savoir ce qu’on veut, ils n’ont qu’à écouter la rue. Tout est dit, nos revendications sont claires », explique-t-il.
Enfin, malgré ces divergences, les manifestants ont assuré qu’il y ait ou pas de dialogue, le hirak ne s’arrêtera pas.