Beaucoup avait été dit à la veille de ce quarante-quatrième mardi des étudiants, certains ayant même annoncé que la traditionnelle marche hebdomadaire n’allait pas avoir lieu à cause du décès du chef d’état-major de l’ANP.
Les appels à annuler les marches de ce mardi 24 décembre ont néanmoins été démentis dès lundi soir et finalement les manifestations se sont déroulées le plus normalement du monde dans plusieurs villes du pays, dont Alger, Constantine, Béjaïa, Tizi Ouazou, Bouira…
À Alger, la mobilisation était très forte. La marche a démarré comme d’habitude de la Place des Martyrs vers 10h et s’est ébranlée jusqu’à l’esplanade de la Grande Poste en passant par les rues Bab Azzoun, Ali Boumendjel, Ben M’hidi…
La banderole à l’effigie du chahid Taleb Abderrahmane, étudiant guillotiné par la justice coloniale en 1958, a flotté au-dessus de la foule pendant toute la marche.
Comme d’habitude, beaucoup de citoyens ont prêté main forte aux étudiants. Les services de sécurité, présents en grand nombre comme chaque mardi, se sont contentés d’accompagner les marcheurs. Aucun incident n’a été signalé.
Sur les pancartes brandies par les manifestants ou dans les slogans scandés, le défunt chef d’état-major de l’ANP n’a pas été cité. Les étudiants ont surtout réitéré que le hirak se poursuivra et demeurera imperturbable jusqu’à la satisfaction de ses revendications : un État de droit, une presse indépendante, une justice libre…
Ils ont aussi exprimé de nouveau leur rejet des résultats de la dernière élection présidentielle et de l’appel au dialogue lancé par le nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune. « Dialogue impossible, le hirak continue », pouvait-on lire sur une pancarte.
Tout en appelant à la libération de tous les détenus d’opinion, les marcheurs ont de nouveau réclamé « un État civil et non militaire » et rendu un vibrant hommage à Hocine Aït Ahmed, décédé il y a quatre ans presque jour pour jour. « Allah irahmek ya da el Hocine », « Aït Ahmed Rabi Yarahmou », a notamment scandé la foule.