Des marches ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays pour l’acte 48 du hirak des étudiants ce mardi 21 janvier. La mobilisation ne faiblit pas.
À Alger, ils étaient comme chaque mardi nombreux à se retrouver dès la matinée à la place des Martyrs, lieu habituel du départ de la manifestation. Comme d’habitude, le vieux militant Benyoucef Mellouk, l’homme qui a fait éclater le scandale des magistrats faussaires, était présent avec ses coupures d’articles de presse relatant son calvaire. L’inévitable portrait du chahid Taleb Abderrahmane aussi.
À 10h, la procession démarre, direction l’esplanade de la Grande Poste, en passant par les rues Bab Azzoun, Ali Boumendjel, Ben’mhidi, Didouche, Amirouche. Tout au long de l’itinéraire, les slogans scandés par les étudiants ont été dominés par ceux appelant à la libération des détenus d’opinion, particulièrement les étudiants incarcérés, Nour el Houda Oggadi Amine Benalia.
Amine a été condamné dimanche 19 janvier par le tribunal de Biskra à 18 mois de prison ferme et une amende de 100.000 DA. Il avait été arrêté fin décembre pour ses publications sur les réseaux sociaux.
Nour el Houda a été arrêtée, également en décembre, pour les mêmes motifs et placée en détention. Au moment où ses camarades scandaient son nom à Alger et dans d’autres villes ce mardi 21 janvier, elle était entendue par le juge d’instruction du tribunal de Tlemcen. « Oggadi Nour el Houda entendue par le juge d’instruction (audition dans le fond) du tribunal de Tlemcen. Les avocats de la défense ont demandé de requalifier l’affaire de criminelle en correctionnelle. Elle a nié toutes les accusations devant les magistrats avant qu’elle ne soit renvoyée en prison », écrit le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) dans une publication postée à 11h.
Les autres détenus du hirak n’ont pas été oubliés, notamment les figures les plus connues du hirak, Fodil Boumala, Samir Benlarbi et Karim Tabbou. Ce dernier a vu, hier lundi, son mandat de dépôt renouvelé pour quatre autres mois. « Libérez les détenus, ils n’ont pas vendu de la cocaïne », « libérez Tabbou, Boumala, Benlamri, Oggadi », « libérez Amine Belalia », ont notamment scandé les manifestants.
Les manifestants ont aussi rendu hommage au moudjahid Lakhdar Bouregaâ, libéré le 2 janvier après six mois de détention, et réitéré plusieurs revendications, dont la liberté de la presse, l’indépendance de la justice. Ils ont insisté sur le caractère pacifique de leur mouvement, « silmia jusqu’au bout » et réitéré leur détermination à continuer la lutte : « Ya Ali (laPointe, ndlr) tes enfants ne s’arrêteront pas », « Abane repose en paix, on continuera le combat ».
« La révision de la constitution est une comédie, le problème est dans la légitimité », « le président n’est pas un empereur, réduisez ses prérogatives », « pour la dissolution du Parlement », « FLN et RND dégage », sont les autres messages politiques livrés par les étudiants tout au long de la procession.