Politique

48e vendredi : attaché au changement, le hirak entretient la flamme

Les Algériens ont manifesté ce vendredi pour la 48e fois depuis le 19 février 2019 à travers plusieurs villes du pays. Plus que jamais attaché à un changement profond, en dépit des spéculations sur son essoufflement et les tentatives multiples de l’étouffer, le hirak vient de nouveau donner la preuve éclatante ce vendredi de son engagement à maintenir la flamme de la mobilisation jusqu’à satisfaction de ses revendications.

À Alger, malgré un dispositif policier renforcé, particulièrement sur la rue Asselah Hocine, itinéraire qu’emprunte chaque vendredi la déferlante humaine en provenance de Bab El Oued, des tentatives d’intimidations au début de la marche à hauteur de la Rue Didouche Mourad ponctuées par quelques arrestations, les manifestants étaient encore plus nombreux ce vendredi comparé au week-end passé, de l’avis de nombreux observateurs.

Hasard du calendrier, la date coïncidait avec l’anniversaire de la disparition d’un autre héros de la révolution, Didouche Mourad. C’est donc naturellement que des portraits à son effigie, à côté de ceux d’autres héros à l’instar de Abane, Amirouche, Khider, Ali la pointe, Hassiba Ben Bouali, ont été déployés par les manifestants non sans réitérer le serment à ceux auxquels ils se référent désormais.

“Ya Didouche ertah ertah, sounawissil el kifah» (Didouche, repose toi on poursuivra le comba), ont scandé des manifestants qui ont rendu hommage au héros de la Guerre de libération.

Tendue par endroits, notamment à Asselah Hocine, en raison de la haie de véhicules de police disposée le long de l’itinéraire, tout comme sur le boulevard Amirouche, contraignant les marcheurs à se mouvoir difficilement sur la chaussée, les manifestants ont longtemps repris des slogans hostiles au président dont ils contestent toujours la légitimité.

«Taadil eddoustour masrahia, elmouchkil fe echariiya » (la révision de la constitution est une pièce théâtrale, le problème est dans la légitimité), reprennent d’autres.

Comme depuis plusieurs mois maintenant, ils ont réitéré leur détermination à aller jusqu’au bout : « On a dit que la issaba (la bande) doit partir, Ou c’est vous, ou c’est nous ; on ne s’arrêtera pas ».

Outre l’insistance sur « l’État civil et non militaire » et la libération des détenus d’opinion, les manifestants ne se sont pas montré tendres, encore une fois, ni avec la presse accusée de vouloir casser le « Hirak », ni avec la police qui protège, à leur yeux, la « Issaba ».

Certains se sont aussi offusqués du déploiement en nombre des services de sécurité qui n’ont hésité à bastonner au début et à la fin de la marche : « Ya lil âar, ya lil âar, Edzair taht elhissar » (honte à vous, Alger est encerclée).

Il faut dire qu’en dépit des changements opérés à la tête de l’État, le traitement du mouvement ne semble pas avoir encore changé, puisque les barrages étaient renforcés aux entrées d’Alger, selon des témoignages, en plus de la fermeture de plusieurs ruelles attenantes aux principaux boulevards du centre d’Alger.

Un traitement qui visiblement peine à impacter la mobilisation. « Le mouvement est plus que jamais vivant. Il ne peut pas échouer car il n’est pas dans la compétition. Il écrit l’histoire, celle d’un peuple en marche vers la liberté », a commenté le militant Djamel Zenati sur son compte Facebook.

Outre Alger, des manifestations pacifiques ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays, à l’instar d’Oran, Constantine, Sétif, Annaba, Tizi-Ouzou, Bouira, Mostaganem, Bejaia, Tlemcen, M’Sila, El Oued, Médéa, Bordj Bou Arreridj, El Bayadh, Ain Defla, Jijel, Blida, Batna, Skikda, Tébessa et Boumerdes.

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