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49e vendredi : le hirak face à l’ambivalence du pouvoir

49e vendredi : le hirak face à l’ambivalence du pouvoir

Plus que quelques semaines et le hirak bouclera une année pleine de contestation et de marches populaires, certaines historiques par l’ampleur de la mobilisation. Ce vendredi 24 janvier, les Algériens devraient marcher pour le quarante-neuvième week-end de suite, en grand nombre sans doute comme lors de tous les vendredis qui ont suivi le scrutin présidentiel du 12 décembre.

Il est aisé de constater que l’élection d’un président de la République, la nomination d’un nouveau gouvernement et le lancement des premiers chantiers de réformes, dont la révision de la Constitution, n’ont eu que très peu d’effet sur le hirak et la mobilisation des citoyens. La stratégie du mouvement populaire qui, depuis la démission du président Bouteflika en avril dernier a tenu à ne pas personnaliser les revendications, gardant le cap sur le changement radical du système de gouvernance, s’avère payante.

Près d’une année après son déclenchement, le hirak tient bon, même s’il faut concéder que la mobilisation peine à égaler celle des premières marches de mars 2019, sauf épisodiquement comme lors des grandes manifestations du 5 juillet et du 1er novembre.

Tout en gardant donc bien en vue la principale revendication initiale, il arrive aux manifestants d’exprimer leur avis sur les développements survenus sur la scène nationale, notamment les propositions émanant du pouvoir, et réaménagent leurs pancartes et slogans en fonction des événements qui marquent la semaine. Celle qui s’achève n’a pas connu trop de chamboulements, l’actualité étant marquée par les développements de la situation en Libye et ses répliques diplomatiques, avec la participation du président Tebboune à la conférence de Berlin, sa première sortie en dehors du pays depuis son élection, et la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères.

Sur le plan interne, le président a accordé mercredi un entretien à des représentants de médias nationaux, au cours duquel il a évoqué les questions de l’heure, notamment la crise politique en cours. L’entrevue a été diffusée en soirée sur toutes les chaînes de télévision et les citoyens ont pu entendre le chef de l’État réitérer ses propos élogieux à l’égard du hirak, s’engageant encore une fois à satisfaire toutes ses revendications.

Sur le terrain, ceux qui marchent les mardis et vendredis constatent, eux, une ambivalence dans l’attitude des autorités avec une tentative apparente de reprise en main sécuritaire. Mardi, le RCD a été clairement instruit par le wali d’Alger de ne pas permettre le regroupement de manifestants dans son siège régional sis à la rue Didouche-Mourad, haut lieu des manifestations hebdomadaires. Le siège en question a été encerclé à plusieurs reprises par les forces de l’ordre pour empêcher des départs de marches. Le parti a fait part de son refus de se conformer à l’injonction et on ne sait pas si les forces de l’ordre tenteront de l’imposer de force dans un contexte marqué par le retour des arrestations notamment en matinée, parmi les premiers manifestants. Presque tous finissent par être relâchés, mais des présentations devant les tribunaux continuent à être signalées, des condamnations aussi, comme c’était le cas à Biskra où l’étudiant Amine Benalia a écopé de 18 mois de prison ferme.

De nombreux détenus d’opinion demeurent par ailleurs emprisonnés, comme les figures connues du hirak et l’étudiante de Tlemcen Nour el Houda Oggadi. Le dispositif qui bloque les accès à la capitale les jours de marche a aussi été maintenu pendant les cinq vendredis qui ont suivi l’élection présidentielle du 12 décembre.

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