L’ancien directeur du FBI Robert Mueller vient d’être nommé procureur spécial pour mener les investigations sur les liens entre la Russie et l’équipe de campagne de Donald Trump. Ce dernier a déclaré qu’il s’agissait de “la plus grande chasse aux sorcières dirigée contre un responsable politique dans l’histoire de l’Amérique”. Retour sur cette nomination qui inquiète le pouvoir en place.
La pression monte encore d’un cran pour le président américain. Le département de la Justice a annoncé, mercredi 17 mai, la nomination de l’ancien directeur du FBI Robert Mueller en tant que procureur spécial pour enquêter sur les soupçons de collusion entre la Russie et l’équipe de campagne de Donald Trump. Cette annonce intervient alors que le président américain est empêtré dans une série de controverses depuis qu’il a limogé le directeur du FBI James Comey, qui était en charge d’enquêter sur le dossier.
Dans un communiqué diffusé par la la Maison-Blanche, le président américain a affirmé:
“Comme je l’ai déclaré à de nombreuses reprises, une enquête minutieuse confirmera ce que nous savons déjà : il n’y a aucune collusion entre ma campagne et une quelconque entité étrangère”.
Par la suite, le chef de l’Etat a également réagi sur Twitter :
“Il s’agit de la plus grande chasse aux sorcières dirigée contre un responsable politique dans l’histoire de l’Amérique”.
1 – Qui est Robert Mueller ?
Agé de 72 ans, Robert Mueller a fait partie du corps des Marines pendant la guerre du Vietnam. Près de 30 ans après ce conflit, il a été nommé directeur du FBI quelques jours avant les attaques terroristes du 11 septembre 2001 qui ont frappé New York et Washington et qui ont fait plusieurs milliers de morts. Il a également travaillé pour le département de la Justice avant de prendre la tête du bureau fédéral. A la demande du président Obama, il a prolongé son poste de deux ans au FBI, faisant de lui le directeur à la carrière la plus longue depuis J.Edgar Hoover. Avant de quitter son poste en 2013, Mueller a multiplié les avertissements à propos des menaces de cyberattaques qui pouvaient peser sur la sécurité des Etats-Unis.
2 – Quelles sont les missions de Robert Mueller ?
Etant donné que le secrétaire de la Justice Jeff Sessions a été obligé de se récuser en raison de ses mensonges sur la Russie, c’est le numéro deux de la Justice, Rod Rosenstein qui a signé la lettre de mission du nouveau procureur spécial. Ce document explique que M.Mueller “est chargé de mener l’enquête concernant tous les liens et/ou coordinations entre le gouvernement russe et des personnes liées à la campagne du président Donald Trump […] et de poursuivre n’importe quel crime qui ne serait pas couvert.” Concrètement, M.Mueller devient le chef de l’enquête et devrait être plus indépendant qu’un “procureur habituel” ou que le directeur du FBI, rappelle l’AFP.
Sa première tâche devrait être d’accélérer l’enquête, débutée en juillet dernier, concernant le rôle de la Russie pendant la campagne présidentielle. Entre 15 et 20 agents du FBI devraient travailler à temps plein, selon des estimations. Mueller devrait être épaulé par deux autres procureurs. Il s’agit de Aaron Zebley qui a travaillé avec lui au FBI et James Quarles, qui a été l’assistant d’un procureur durant le scandale du Watergate en 1973.
3 – Un choix qui divise ?
Au regard des différentes réactions, le choix de Robert Mueller semble faire l’unanimité. La nomination de l’ancien patron du FBI a été saluée par le responsable de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer qui a estimé qu’elle était “tout à fait nécessaire”, ajoutant que M.Mueller était “la personne adaptée” pour effectuer cette tâche, rapporte Reuters. De son côté, son homologue à la chambre des représentants Nancy Pelosy s’est déclarée satisfaite de la nomination de ce “fonctionnaire respecté”.
Du côté des républicains, “Mueller est un superbe choix, un CV impeccable. Il sera largement accepté”, a tweeté l’élu Jason Chaffetz.
La sénatrice Susan Collins a également déclaré que c’était “un excellent choix” sur Twitter.
4 – Des procureurs spéciaux au rôle déterminant
Quelques nominations de procureurs spéciaux ont marqué l’histoire de la vie politique américaine. En 1973, Archibald Cox est nommé procureur spécial indépendant pour mener l’enquête sur le scandale du Watergate qui va aboutir à la démission du président Richard Nixon avant même que la procédure de destitution ne soit entamée.
Vingt ans plus tard, l’ancien jugé fédéral Kenneth W.Starr a été sollicité pour enquêter sur l’affaire Whitewater qui fait référence à une affaire immobilière douteuse dans laquelle les époux Clinton avaient été impliqués avant l’élection de Bill Clinton. Il avait également mené les investigations durant l’affaire Monica Lewinky qui avait entraîné la mise en route de la procédure d’impeachment contre le président Clinton, sans qu’il soit destitué.
5 – Des charges qui s’accumulent
Au delà des premières révélations faites par la presse américaine sur les collusions entre les membres de l’équipe de campagne de Trump, des précisions se multiplient sur le nombre et la nature des contacts. L’agence Reuters a pu établir que “Michael Flynn et d’autres conseillers de la campagne de Donald Trump ont été en contact avec des responsables russes et des personnes jugées proches du Kremlin à au moins 18 reprises entre avril et novembre 2016″. Parmi ces contacts qui n’avaient pas été révélés auparavant, figurent des conversations téléphoniques entre l’ambassadeur de Russie à Washington, Sergueï Kislyak, et des conseillers de Donald Trump, dont Michael Flynn.
Selon trois responsables américains, interrogés par l’agence de presse, les conversations entre Flynn et Kislyak se sont multipliées après la victoire de Donald Trump, le 8 novembre. Les deux hommes auraient tenté d’établir un canal de communication secret entre Trump et Poutine “afin de court-circuiter l’administration de la sécurité nationale américaine que les deux présidents considéraient comme hostile à une amélioration des relations entre les Etats-Unis et la Russie,” indiquent quatre responsables américains en fonction.
Ces dernières révélations viennent contredire les propos de Donald Trump et ceux de la Maison-Blanche qui, depuis le mois de janvier, cherchent à minimiser les preuves d’interférence de la Russie sur la vie politique américaine.