Politique

50e vendredi : le hirak tient son « jubilé »

Au moment où certains débattent de son échec ou de sa réussite, de la nécessité ou pas de passer à une autre étape, de se choisir des têtes ou garder son fonctionnement horizontal, le mouvement populaire demeure imperturbable et s’apprête à vivre son cinquantième acte ce vendredi 31 janvier.

Plus que trois week-ends de marches et il bouclera une année pleine. Une longévité que personne ne pouvait soupçonner lorsque, le 22 février 2019, les Algériens s’étaient réveillés brutalement, après des décennies de résignation, et sont descendus dans la rue dire non au cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika.

D’aucuns sans doute avaient prédit la fin proche de la contestation lorsque, au plus fort des chaleurs estivales, la mobilisation s’était sensiblement réduite.

Mais le hirak a tenu bon, non seulement contre les aléas de la météo, mais contre toutes les tentatives de lui tordre le cou, par la répression, les emprisonnements, le black-out médiatique, la lassitude, la démobilisation d’une partie des manifestants.

Ce vendredi, les Algériens devraient donc marcher pour la cinquantième fois de suite, dans ce que l’on pourrait qualifier de « jubilé » du hirak.

Le chiffre 50 et la résilience qu’il traduit marqueront peut-être la thématique des marches, mais les manifestants ne devraient pas déroger à la désormais tradition qui veut qu’ils s’expriment, par des débats proprement dits et aussi par des pancartes et autres slogans, sur la situation du pays, les événements de la semaine, les initiatives du pouvoir.

Même s’il n’a pas réussi à empêcher la dernière présidentielle -ce qui n’était, tempèrent du reste ses animateurs, nullement son objectif-, le hirak s’est imposé au fil des mois comme un espace de débat, une force de proposition, d’influence et de contre-pouvoir, voire même comme le détenteur du pouvoir pour reprendre le jugement de Mohcine Belabbas.

Dans son récent entretien à TSA, le président du RCD estimait que « le pouvoir politique est entre les mains du hirak et le pouvoir de fait est dans une forme d’opposition au hirak ». « Le pouvoir est incapable de lancer une dynamique quelconque et il ne pourra pas le faire tant que le hirak est là », constate Mohcine Belabbas.

Pour ce cinquantième vendredi, les manifestants aux quatre coins du pays devraient donc réitérer leur revendication première qui est le départ du système et la mise en place d’une transition démocratique véritable, mais aussi maintenir la pression pour la libération des détenus d’opinion encore emprisonnés, pour l’accélération du processus d’ouverture, mettre fin aux restrictions et aux blocages des médias, rejeter peut-être de nouveau l’exploitation du gaz de schiste…

Sur le plan des annonces politiques et des décisions judiciaires, la semaine qui s’achève a été marquée par une relative accalmie. Samir Benlarbi, l’une des figures du hirak, a été jugé et une peine de trois ans de prison ferme requise à son encontre, mais le verdict a été reporté.

Néanmoins, la veille de cette journée de mobilisation, les autorités dont annoncé l’arrestation d’un kamikaze qui comptait se faire exploser au milieu de la foule qui manifeste le vendredi à Alger. Le hirak fait désormais face à une nouvelle menace, les attaques terroristes. Quel effet aura-t-elle sur la mobilisation ? On le saura par le nombre de manifestants qui seront dans les rues d’Alger et des autres villes dès ce vendredi.

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