Politique

51e vendredi : maintenir la pression sur le pouvoir

Dans deux semaines, le hirak populaire bouclera sa première année pleine. Ce 7 février, les Algériens sont appelés à marcher pour le 51e vendredi de suite, dans un contexte politique marqué par une impasse de laquelle le scrutin présidentiel du 12 décembre n’a pas permis de sortir.

Le pouvoir politique, même avec un président de la République de plein exercice, peine à concrétiser la moindre dynamique, politique ou économique, et il s’avère de semaine en semaine qu’il lui sera difficile de le faire tant que le hirak est là. La mobilisation populaire ne faiblit pas en effet. Les manifestants ne perdent pas de vue leur revendication d’un changement radical.

Plus d’un mois et demi après l’élection de Abdelmadjid Tebboune, l’impasse, du moins politique, est difficilement contestable, même si le président a enclenché dialogue avec des personnalités et des partis politiques autour notamment de la révision constitutionnelle. Ce dialogue, toujours en cours, va peut-être donner ses fruits.

Mais, le retour du hirak, après quelques semaines de doute, avec notamment une forte mobilisation lors du cinquantième vendredi, est perçue d’ailleurs par beaucoup comme le signe de l’insatisfaction de la rue de la politique menée jusque-là, notamment en matière des libertés et de la gestion de la crise politique.

En plus du dialogue lancé par le président, la justice semble plus clémente dans les jugements rendus à l’encontre des détenus d’opinion, mais il y a comme une ambivalence apparente dans l’attitude du pouvoir. Des arrestations sont toujours signalées, des militants et manifestants demeurent emprisonnés. Pour les réformes politiques et les promesses d’ouverture, les manifestants ne voient rien venir.

L’enjeu de ce 51e vendredi sera de confirmer le retour en force du hirak à l’approche de son premier anniversaire. Des appels sont d’ores et déjà lancés pour une mobilisation record lors des marches du 21 février.

En évoquant l’ambivalence des autorités politiques et judiciaires, la semaine qui s’achève a été marquée par un fait qui pouvait être perçu comme un premier grand pas vers l’apaisement : la relaxe par le tribunal de Bir Mourad Raïs du militant actif du hirak Samir Benlarbi. Mais Karim Tabbou, Fodil Boumala, l’étudiante Nour el Houda Oggadi et Abdelouahab Fersaoui, pour ne citer que ceux-là, demeurent toujours derrière les barreaux. Fersaoui a été renvoyé en correctionnelle et pourrait donc voir son procès programmé bientôt. Ce vendredi sera donc un autre rendez-vous pour la solidarité avec les détenus, en présence probablement de Samir Benlarbi pour la première fois depuis septembre.

Comme les vendredis précédents, ce sera aussi l’occasion de maintenir la pression pour accélérer le processus d’apaisement et d’ouverture.

Ce jeudi, un conseil des ministres extraordinaire s’est tenu sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune avec comme unique point à l’ordre du jour l’examen du plan d’action du gouvernement. Le renforcement des libertés, dont celle de manifester pacifiquement, figure en bonne place dans les tâches assignées à l’équipe du Premier ministre Abdelaziz Djerad. Qu’en sera-t-il sur le terrain ? Le comportement des forces de l’ordre dès ce vendredi, dans les villes où la répression s’abat systématiquement sur les manifestants depuis quelques semaines, notamment à l’ouest du pays, et surtout aux portes de la capitale où les accès sont bloqués les jours de marche, sera un premier indice.

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