Le hirak populaire s’apprête à vivre son 55e week-end de mobilisation, le deuxième de son an II entamé vendredi dernier. Sans doute que la mobilisation sera encore au rendez-vous. Du moins, rien dans les événements de la semaine ne permet de prédire le contraire.
L’intrusion du spectre de l’épidémie du coronavirus n’a eu aucun impact sur la détermination des manifestants comme on a eu à le constater lors du 54e vendredi qui avait fait suite à l’annonce de la découverte du premier cas en Algérie. Il y avait certes moins de monde que lors du week-end précédent qui était plus que spécial puisque coïncidant avec le premier anniversaire du mouvement, mais la mobilisation était au moins égale à celle des vendredis « ordinaires ».
Dans la rue, à Alger et dans de nombreuses autres villes, on a entendu les manifestants signifier sans équivoque que le virus ne leur faisait pas peur.
Et c’est ce que les étudiants ont réitéré mardi à l’occasion de leur marche hebdomadaire.
Certes, maintenant ce n’est plus d’un ressortissant italien dont il s’agit, mais de 17 cas officiellement diagnostiqués (en comptant l’Italien), mais l’inquiétude, encore moins la panique, n’est pas encore perceptible dans la rue ou dans la communication des autorités, sachant que la totalité des cas confirmés sont circonscris à une seule région, et même à une seule famille. Ce jeudi, des matchs du championnat national de football se sont joués dans des conditions ordinaires, en présence du public.
En une année, le hirak a fait face à des aléas bien plus contraignants, mais il n’a jamais fléchi. Des dernières pluies hivernales aux chaleurs torrides de l’été, en passant par la soif et la faim du ramadan, la répression, le blocage des accès à la capitale, toujours en vigueur d’ailleurs, l’arrestation et l’emprisonnement des manifestants et militants, les manœuvres de division. La mobilisation a connu des creux, notamment pendant le ramadan et l’été 2019, mais elle reprenait et égalait presque les records des premières semaines du mouvement à chaque fois qu’il y avait un événement marquant à célébrer, comme on l’avait constaté le 5 juillet, le 1er novembre, le 12 décembre au lendemain de l’élection présidentielle puis le 21 février pour le premier anniversaire du hirak.
Si le coronavirus ne devrait pas constituer un obstacle pour les manifestants, il sera néanmoins présent dans la thématique des marches, comme il l’a été le week-end passé. Mais sans doute qu’il ne fera pas oublier aux marcheurs pourquoi ils sont dans la rue. C’est-à-dire les revendications qu’ils scandent depuis maintenant plus d’une année, le changement radical du système politique, l’ouverture des champs médiatique et politique, une justice réellement indépendant, la fin de la répression et, surtout, la libération de toutes les personnes détenues pour leur activités en lien avec le hirak. Ce dernier point sera d’autant plus présent en force lors des marches de ce vendredi 6 mars que ces dernières surviennent au lendemain du jugement de Karim Tabbou, une figure connue et respectée du hirak, contre lequel quatre ans de prison ferme ont été requis. Au cours de son procès devant le tribunal de Sidi M’hamed, Tabbou a révélé avoir vécu des moments difficiles pendant son incarcération, particulièrement pendant sa garde à vue.
Autre figure qui devrait recevoir sa part d’hommages, Larbi Ben M’hidi, héros de la guerre de libération nationale qui inspire beaucoup les manifestants, et dont l’anniversaire de l’assassinat est survenu cette semaine (3 mars).