Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a pointé jeudi à Copenhague l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux « atrocités commises » contre le peuple palestinien.
« L’incapacité persistante de la communauté internationale à réagir de manière unie et décisive pour mettre fin aux atrocités commises contre le peuple palestinien a ravivé les doutes et les scepticismes quant à la raison d’être et à la pertinence du droit international dans son intégralité », a affirmé M. Attaf dans une allocution prononcée à l’occasion de la tenue de la 21ᵉ session de la Conférence ministérielle annuelle des pays africains et nordiques.
Le ministre a rappelé que « l’Algérie a fièrement accueilli la précédente session marquant le 20ᵉ anniversaire de ce rassemblement unique qui n’a cessé d’œuvrer à promouvoir les valeurs indispensables de dialogue, de coopération, de confiance, de respect et de compréhension ».
« Le moins que l’on puisse dire c’est que ces valeurs qui nous unissent dans ce forum sont aujourd’hui menacées de manière existentielle, car nous assistons tous avec regret, frustration et consternation à la réémergence et la prévalence croissante des logiques de polarisation, de divisions et de confrontation, logiques qui sont toutes héritées de l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’humanité que nous pensions tous définitivement derrière nous », a-t-il regretté.
L’impact de cette situation, poursuit M. Attaf, « a été et continue d’être extrêmement préjudiciable. Les foyers de crises, de tensions et de conflits se multiplient, s’accumulent et s’étendent. Le multilatéralisme est en recul constant, l’ONU est progressivement disqualifiée et l’un de ses organes centraux, le Conseil de sécurité, tombe progressivement dans un état de paralysie complète ».
Il a, à ce titre, fait remarquer que « la situation qui se déroule à Gaza incarne, à elle seule, tous ces dysfonctionnements qui remettent aujourd’hui en question, de manière directe et flagrante, l’essence même d’un système fondé sur des règles ».
« Ce ne sont certainement pas des temps ordinaires ! Ce sont des périodes de crise profonde, des périodes de profonds troubles et, de toute évidence, des périodes de grande incertitude », a-t-il insisté.
Il a indiqué que, « dans ces moments-là, le monde a cruellement besoin de voix de sagesse et d’engagement, comme celles qui émergent constamment de ce forum ».
« Collectivement, nous devons nous lever et défendre ce en quoi nous croyons sincèrement en tant que rassemblement de pays partageant les mêmes idées », a-t-il souligné.
Des pays, a-t-il ajouté, « profondément attachés aux normes qui constituent le fondement solide du système international, fidèlement engagés à consolider le multilatéralisme et la coopération internationale face aux redoutables défis contemporains (et) qui croient fermement, tant en paroles qu’en actes, que la Charte des Nations Unies reste la seule boussole permettant à l’humanité de parvenir à la paix, de faire progresser les droits de l’homme et de favoriser une prospérité partagée pour tous ».
Dans cette perspective, M. Attaf a tenu à féliciter les organisateurs pour avoir mis en valeur, à travers le riche programme de la 21ᵉ session de la Conférence annuelle des pays africains et nordiques, « l’importance stratégique de la coopération et du partenariat Nord-Sud dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement durable ».
« Comme on le dit habituellement, la paix et le développement sont les deux faces d’une même médaille », a-t-il déclaré, relevant qu’« il n’y a pas de paix sans développement et il ne peut y avoir de développement sans paix ».
En outre, « il est devenu tout à fait clair que la paix et le développement ne peuvent prospérer sans les droits de l’homme et la justice », a-t-il ajouté.
Soulignant que ces réalités sont d’autant plus pertinentes dans le contexte africain, M. Attaf a indiqué que « l’Afrique poursuit les deux voies en parallèle : faire taire le programme sur les armes et le programme de développement ».
« Ses efforts méritent d’être soutenus et ses appels répétés à remédier à sa longue marginalisation dans tous les domaines de la vie internationale méritent d’être entendus et suivis », a-t-il dit dans ce sens.
Remerciant également les organisateurs d’avoir mis au premier plan la question de la gouvernance mondiale et plus particulièrement celle des institutions financières internationales, M. Attaf a insisté sur le fait que « le temps est en effet venu de corriger l’injustice historique infligée à l’Afrique dans toutes ces institutions ».
« Respectons les précieuses leçons de l’histoire, travaillons tous ensemble pour briser les mauvais schémas qui perpétuent l’instabilité et les inégalités, et exploitons pleinement les relations privilégiées entre l’Afrique et les pays nordiques pour influencer positivement le processus décisionnel international afin de contribuer à un monde meilleur pour tous », a-t-il préconisé.