L’inexplicable flambée des prix à la veille de chaque Aïd est bel et bien au rendez-vous. C’est devenu un rituel auquel les commerçants se conforment et que les Algériens subissent.
Ce lundi, veille de l’Aïd, il n’y a pas un légume – mis à part peut-être les oignons – qui se vend à moins de 100 Dinars le kilo. Pire : la barre des 200 Da, cette somme devenue modique, est souvent dépassée.
C’est le cas de la salade verte qui affiche parfois 250 Da, notamment au marché Missonnier à Alger-Centre. À Redha Houhou (ex-Clauzel), elle oscille entre 180 Da et 220 Da.
Pour concocter une bonne salade variée qui accompagnerait une grillade durant les jours de l’Aïd, il faudrait bien accepter un assez « grand » sacrifice financier : les tomates sont à 120 Da le kilo, le concombre à 100 Da, les carottes également à 100 Da, le poivron à 120 Da…
Même chose pour les autres légumes : la pomme de terre garde le prix vertigineux de 100 Da. Rares les commerçants qui la cèdent à 90 ou 95 Da. La courgette est cédée, quant à elle, à 120 Da, parfois même à 140 Da.
Même constat pour les fruits qui gardent des prix anormalement élevés. Là aussi, tous les prix affichés dépassent – souvent de loin – les 200 Da. Les raisins, dont les récoltes cette année n’ont pas été à la hauteur des attentes, affichent jusqu’à 350 Da. Les bananes affichent toujours un prix inaccessible : 350 Da, parfois 400 Da.
Pêches, poires et pommes affichent pratiquement les mêmes prix : entre 180 Da et 250 Da. Les nectarines vont jusqu’à 350 Da. Les figues, fruit de saison par excellence, sont loin d’être « clémentes » : entre 350 Da et 450 Da, suivant la qualité.
Les dattes restent également très chères : 700 Da le kilo.
Le pain, la peur
Les prix ne dissuadent pas la fièvre des achats qui se saisis des Algériens à la veille de chaque Aïd. À Redha Houhou, une queue s’est, dès le petit matin, formée devant un marchand de plantes aromatiques. Aussi devant les bouchers, pourtant nombreux.
Et les prix que ceux-là affichent donnent tout simplement le vertige. Le filet de bœuf est à 2 800 Da le kilo, l’entrecôte à 1 900 Da, les côtelettes d’agneau à 1 450 Da, l’épaule à 1 500 Da, les saucisses à 700 Da… et le foie d’agneau à 3 500 Da.
Même le poulet résiste à la « menace » des millions de moutons qui seront égorgés. Il continue à afficher entre 350 Da et 400 Da. En dépit de ces prix, il est difficile de se frayer un chemin parmi les essaims de clients qui assaillent les bouchers.
La fièvre « acheteuse » ne concerne pas uniquement les légumes, les fruits et les viandes. Le pain aussi figure sur la liste des ravitaillements qu’il faut à tout prix faire.
C’est devenu tout simplement un réflexe. Et c’est à raison : les boulangeries, dont certaines sont déjà fermées, ne rouvrent que longtemps après le jour du sacrifice. Celles encore ouvertes sont assaillies par les clients. Au petit matin, il était déjà difficile de dénicher une baguette.
Idem pour les pains traditionnels. « Depuis que les gens ont appris à congeler le pain, ils achètent en grandes quantités, notamment quand il y a une pénurie en vue », dit un vendeur dans une petite supérette.
Ville fantôme, c’est déjà parti !
Et les « pénuries » au lendemain de l’Aïd, ce n’est jamais ce qui risque de manquer.
Pour cette année, près de 51 000 commerçants sont réquisitionnés pour assurer la permanence durant l’Aïd. Pour faire respecter cette instruction, 20 219 agents de contrôle sont mobilisés, promet le ministère du Commerce.
Va-t-on, contrairement à toutes les années passées, tenir la promesse d’un service minimum ? En tout cas, Alger commence, dès aujourd’hui, à prendre les allures d’une ville fantôme.
Nombre de magasins gardent, en effet, les rideaux baissés. C’est le cas notamment des restaurants et des cafés dont l’essentiel de la main d’œuvre vient d’ailleurs. Ça n’augure rien de bon…