Non au « coup d’État social »: des dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi à Paris contre la réforme du droit du travail d’Emmanuel Macron, à l’appel du champion de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, qui a promis que la bataille ne faisait que commencer.
Selon le chef de file du parti de La France insoumise (LFI), ils étaient 150.000 à adresser « un signal d’une puissance extraordinaire au pays ».
La police en a compté cinq fois moins (30.000), mais M. Mélenchon a assuré qu’ils seraient bientôt « un million à déferler sur les Champs-Elysées » contre cette réforme qui vise à accroître la flexibilité du marché du travail dans un pays miné par un taux de chômage de 9,6%.
Le fait que le président français ait paraphé dès vendredi les cinq textes modifiant le complexe code du travail français, riche de plus de 3.000 pages, n’a pas refroidi les ardeurs de « JLM ».
« La bataille n’est pas finie, elle commence! », a-t-il tonné, dénonçant « un coup d’Etat social par la méthode de la brutalité » qui « pousse à un dumping social terrifiant » où « le contrat de travail ne serait plus une protection, mais une sorte de chiffon de papier ».
« Résistance, résistance », ont scandé les militants, venus de toute la France et portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « On veut vivre, pas survivre » ou « Y’a rien de bon dans le Macron ».
En amont de la manifestation, brièvement perturbée par des incidents provoqués par les militants radicaux du « black bloc », Emmanuel Macron avait affiché sa détermination en déclarant: « je crois en la démocratie, mais la démocratie, ce n’est pas la rue. »
« C’est la rue qui a abattu les rois, les nazis », lui a répondu M. Mélenchon. Drapé dans son écharpe tricolore de député, il s’en est pris directement au chef de l’Etat en dénonçant que « personne n’avait jamais parlé aux Français de cette façon, les traitant de fainéants, d’abrutis ».
Sous un soleil éclatant, Louis Bousquet, 33 ans, queue de cheval et casquette Mao sur la tête, était d’accord. « La France n’a jamais eu autant de milliardaires et millionnaires. Pourquoi c’est toujours aux travailleurs de se serrer la ceinture? », s’est encore interrogé ce militant au chômage, venu du centre de la France.
La réforme du droit du travail promue par le gouvernement facilite certains licenciements et permet aux entreprises de négocier plus directement avec leurs salariés leurs conditions de travail.
Le texte a été longuement négocié pendant tout l’été avec les syndicats et le patronat. Mais sans convaincre ses détracteurs, pour lesquels il rabote des droits sociaux chèrement acquis.