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À l’ONU, le Mali tient des propos « inacceptables » à l’égard de l’Algérie

À l’ONU, le Mali tient des propos « inacceptables » à l’égard de l’Algérie

Huit mois après l’annonce officielle de son retrait de l’accord de paix d’Alger, le 25 janvier 2024, le Mali persiste et signe.

« L’accord est bel et bien mort », et « les Maliens n’expriment qu’un seul vœu le concernant : que son âme repose en paix », a déclaré à la tribune de l’Assemblée générale des Nations-Unies le Premier ministre malien, samedi 28 septembre.

Le colonel Maiga a enfoncé le clou en s’attaquant à l’Algérie. Même replongé dans la guerre civile, le Mali, dirigé par des autorités issues du coup d’État militaire de 2021, s’enfonce dans le déni et se tourne résolument vers ceux qu’il croit être ses nouveaux alliés.

Avant de s’attaquer frontalement à l’Algérie, le colonel Maiga a d’abord salué dans son discours « la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran et bien d’autres alliés sincères » avec lesquels son pays entretient, selon lui, des « relations de coopération exemplaire et fructueuse ».

Pour l’Algérie, qui a parrainé l’accord de paix de 2015, il a réservé des attaques sans précédent. Le colonel Maiga n’a pas apprécié particulièrement les propos de deux responsables algériens, qu’il a tenu à rappeler.

Le 31 juillet, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a déclaré « que la crise malienne n’avait pas besoin d’une solution militaire. C’est un conflit entre frères et la solution ne peut être que politique ». Il a aussi indiqué à propos de l’accord d’Alger qu’il avait « été bénéfique pour le Mali et avait préservé la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali. S’en départir, par conséquent, aura un impact négatif sur tous les acquis ».

Le 26 août, le représentant de l’Algérie à l’ONU a condamné une frappe de drone qui a fait une vingtaine de morts parmi les civils au nord du Mali, à la frontière algérienne.

Le colonel Maiga est allé jusqu’à déclarer que ces propos vont « à contre-sens » du souhait du président de la République Abdelmadjid Tebboune de « promouvoir des relations harmonieuses » avec les pays voisins.

Les deux responsables n’ont fait qu’exprimer la position de l’Algérie connue de tous, articulée autour du refus de la violence et de l’ingérence étrangère au Sahel et privilégiant l’approche du développement économique.

Abdelaziz Rahabi : "L’Algérie est en droit d’attendre des excuses du Mali"

Mais pour le Premier ministre malien, il s’agit d’une « grave ingérence dans les affaires intérieures du Mali » et d’une manière de considérer le Mali comme « une wilaya algérienne ». Et il ne s’arrête pas là, accusant l’Algérie d’offrir « le gîte et le couvert » à ce que Bamako considère comme des « terroristes ».

Les autorités de transition au Mali ne peuvent pas ignorer la gravité de ces accusations et de tous les propos tenus par Maiga à la tribune des Nations-Unies.

Pour brûler ses vaisseaux avec l’Algérie, on ne s’y prendrait pas autrement.

Bamako persiste dans le déni quant aux conséquences de la décision irréfléchie de révoquer l’accord d’Alger.

Les craintes de l’Algérie quant au retour de l’instabilité et de la violence au Mali se sont avérées fondées. Après la révocation de l’accord d’Alger, le Mali s’est de nouveau enlisé dans la guerre civile. Un scénario qui a pu être évité pendant près d’une décennie grâce justement à l’accord d’Alger que l’Algérie avait accepté de parrainer à la demande du gouvernement malien de l’époque.

Le 31 juillet dernier, le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf l’avait rappelé en conférence de presse, quelques jours après une attaque spectaculaire des rebelles à Tin Zaouatine, près de la frontière algérienne, faisant des dizaines de morts parmi les soldats maliens et les mercenaires du groupe paramilitaire russe Africa Corps, ex-Wagner.

Le 26 août, l’armée malienne a mené une attaque de drone, toujours près de la frontière algérienne. Elle a affirmé avoir visé des « terroristes », mais les victimes seraient toutes des civils, selon de nombreuses sources.

Les autorités maliennes ont entretenu la polémique avec l’Algérie depuis la fin de l’année dernière, mais les propos tenus cette fois par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga sont inacceptables.

« L’Algérie est en droit d’attendre des excuses du Mali voisin et ami », a réagi le diplomate et ancien ministre Abdelaziz Rahabi, qui a dénoncé sur X des déclarations « inacceptables sur la forme, fausses sur le fond et ingrates au regard de notre engagement envers le Mali », estimant que le discours de Maiga « dépasse ses moyens et ceux de ses soutiens régionaux ».

 

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