L’Algérie a dénoncé, par la voix de son ambassadrice à Vienne, les politiques expansionnistes du Maroc et d’Israël, et accusé le royaume d’avoir mené contre elle des « actes hostiles » avec le soutien de son nouvel allié.

« On ne peut continuer à pérorer sur les bienfaits des Accords dits d’Abraham si, à la base, la conception et l’approche privilégiées perpétuent l’occupation illégale de territoires colonisés par la force et au mépris des résolutions pertinentes des Nations Unies », a critiqué Mounia Boumaiza.

« Ces Accords enterrent définitivement l’Initiative arabe de paix », a-t-elle dit dans un discours prononcé à la 28e réunion du Conseil des ministres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Stockholm (2-3 décembre).

| Lire aussi : Islam de France : le Maroc éclaboussé par un scandale d’espionnage

Mme Boumaiza, qui a conduit la délégation algérienne à cette rencontre, a rappelé qu’en 2002, sur initiative de l’Arabie saoudite avait proposé un plan de paix à Israël.

 « Ce plan offrait la reconnaissance d’Israël par tous les Etats arabes, en même temps, contre la solution à deux Etats séparés, vivant côte à côte en paix et en sécurité », a rappelé Mme l’ambassadrice algérienne, en soulignant que ce plan avait été « dédaigneusement rejeté par Israël, qui manifestement préfère la conclusion d’accords séparés pour semer la division au sein de la Nation arabe. »

Puis, l’ambassadrice algérienne a répondu aux attaques dont fait objet l’Algérie à cause de son refus de reconnaître Israël, un pays qu’elle désigne par l’appellation d’entité sioniste.

« Certains media assujettis à des financements lobbyistes tentent de discréditer la parole algérienne et à nuire à l’image de l’Algérie en faisant accroire que nous utilisons l’expression entité sioniste par rejet de la religion juive et que nous serions donc antisémites, racistes, voire haineux », a dénoncé la diplomate algérienne.

« Les Algériens en tant que peuple arabo berbère sont sémites »

En réponse à ces médias, Mme Boumaiza a rappelé ce qu’elle a qualifié de  « fait historique absolument indéniable : les algériens en tant que peuple arabo berbère sont sémites. »

« Tous les descendants de Sem sont sémites qu’ils soient juifs, chrétiens, musulmans ou même athées. Le sémitisme n’est conditionné par aucune religion», a-t-elle dit, balayant d’un revers de la main les fausses accusations d’antisémitisme contre l’Algérie.

La diplomatie algérienne a rappelé aussi que l’Algérie s’oppose au sionisme par principe et que la lutte contre le racisme est inscrite dans son ADN. « L’Algérie est antiraciste, j’allais dire du fait de son ADN historique. Nous sommes fiers d’avoir combattu l’apartheid. Nous étions bien seuls au début de notre lutte contre cette expression la plus abjecte du racisme. C’est l’Algérie qui a exclu le régime d’apartheid de l’enceinte des Nations Unies », a-t-elle asséné.

Tout en mettant en garde sur les conséquences de l’alliance militaire entre Israël et le Maroc sur la paix en Méditerranée, la diplomate algérienne a accusé le Maroc d’avoir mené des actes hostiles contre l’Algérie avec le soutien d’Israël. « (…) l’escalade récente dans notre région montre que, sous couvert de normalisation, Israël et le Maroc entendent s’appuyer mutuellement pour continuer à piétiner le droit international. Je ne peux pas ici passer sous silence les récents actes d’hostilité et d’agressions caractérisées menés par le Maroc contre l’Algérie avec le soutien d’Israël », a-t-elle dit.

Pour appuyer ses propos, Fouzia Boumaiza a cité les quatre « actes hostiles » les plus récents. Le premier est l’affaire d’espionnage à grande échelle Pegasus qui a touché « 6.000 téléphones de responsables algériens, dont tous les ambassadeurs », le deuxième est l’assassinant le 1er novembre de trois routiers algériens par le Maroc, le troisième est le soutien apporté par le Maroc à un mouvement sécessionniste en Algérie.

« Le quatrième acte d’agression : c’est l’achat par le Maroc auprès d’Israël de drones Harop plus connus sous l’appellation de drones Kamikazes pour leurs capacités meurtrières, puisque chaque drone peut porter jusqu’à 20 kilos d’explosifs », a révélé l’ambassadrice algérienne.