En France, une campagne d’une ampleur inédite pour réduire les visas délivrés aux Algériens et abroger des accords franco-algériens de 1968.
Ces accords confèrent aux ressortissants algériens établis en France un statut particulier. La droite, l’extrême droite, et même le gouvernement français, estiment toutefois qu’ils offrent des privilèges auxquels il est temps de mettre fin.
Une grande agitation autour de ces accords est observée en France, y compris chez des hauts responsables du gouvernement. Michel Barnier, le Premier ministre français lui-même, a déclaré, lors de sa dernière allocution, le 1ᵉʳ octobre dernier, sans les nommer directement, que certains accords bilatéraux « ne correspondent plus aux réalités d’aujourd’hui ».
La France veut renégocier des accords franco-algériens de 1968
Le Premier ministre français a également indiqué qu’il veut « conditionner davantage l’octroi de visas et l’obtention de laissez-passer consulaires nécessaires aux reconduites à la frontière » des étrangers, notamment Algériens, qui font l’objet d’une OQTF.
Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), a confirmé, ce mercredi 2 octobre, que le Premier ministre français, parlait bel et bien des accords de 1968 et des laisser-passer que l’Algérie refuse d’accorder à ses ressortissants faisant l’objet de mesures d’expulsion du territoire français.
Les déclarations du Premier ministre français font d’ailleurs suite à celles tenues par son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau qui estime que les accords de 1968 sont « très favorables pour l’Algérie et très défavorables pour la France », assurant qu’il est pour une renégociation de ces accords et pour un usage de la limitation des visas comme levier contre les pays qui refusent d’accueillir leurs ressortissants sous OQTF.
Abdelaziz Rahabi
Du côté algérien, aucune réaction officielle n’a été enregistrée. L’ex-ministre de la Communication et diplomate, Abdelaziz Rahabi, a réagi en exprimant sa colère contre l’agitation qui se fait en France autour de l’Algérie et des accords franco-algériens de 1968.
Dans un tweet posté sur son compte X, Abdelaziz Rahabi indique qu’il ne voit pas « où est l’utilité des accords de 1968 », estimant qu’il s’agit même « d’une violation et d’une régression des Accords d’Évian » signés entre la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en mars 1962.
Le diplomate va jusqu’à affirmer que les avantages des accords franco-Algériens de 1968, qui « ont fait de l’Algérie un sujet de débat central et récurrent en France », sont « insignifiants » pour les ressortissants algériens établis en France, notamment quand c’est la « dignité » de l’Algérie qui est en jeu.
#Algerie #France #Emigration
Quelle est l’utilité des Accords de 68 qui sont eux mêmes une violation et une régression des Accords d’Evian. Ils ont fait de l’Algérie un sujet de débat central et récurent en France . Notre dignité 🇩🇿doit être au dessus d’avantages insignifiants.— Abdelaziz Rahabi (@AbdelazizRahabi) October 2, 2024
Signés entre l’Algérie et la France, les accords franco-algériens de 1968, qui régissent l’immigration algérienne en France, ont été amendés à trois reprises.
De plus en plus vidés de leur contenu, ces accords deviennent aujourd’hui un outil pour l’extrême droite française pour mener une campagne féroce contre les étrangers, et plus spécialement les Algériens.
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