Abdelaziz Rahabi s’exprime de nouveau sur la crise libyenne. Dans un entretien au quotidien En-nasr, l’ancien ambassadeur plaide pour un rôle majeur de la diplomatie algérienne dans la résolution pacifique de la crise car, met-il en garde, « tout conflit armé à nos frontières nous affaiblira directement ».
« La Libye est devenue un théâtre ou s’affrontent les intérêts de pays arabes et occidentaux. Il y a des guerres par procuration sur son territoire et chaque partie cherche à renforcer son positionnement militaire pour imposer ses points de vue lors d’éventuelles négociations », constate-t-il.
La diplomatie algérienne doit de ce fait agir pour, d’une part, contribuer à régler la crise et, d’autre part « protéger notre pays des retombées probables du conflit ».
« Aujourd’hui, les conflits armés ne connaissent pas de frontières. Il faut savoir que la politique étrangère d’un pays est déterminée par les événements. Chaque pays à ses propres dogmes historiques, que ce soit pour la diplomatie ou la défense, mais le monde change très vite. Nous assistons à un nouveau genre de guerres qui affaiblissent le voisin ou l’ennemi. Tout conflit armé à nos frontières nous affaiblira donc directement. D’abord par le danger de l’infiltration de soldats ou de combattants, ensuite par les retombées sur l’économie du pays qui sera mis sous pression et en alerte permanente », explique le diplomate.
Rahabi en déduit qu’« il est impératif que la crise libyenne soir réglée pacifiquement entre les Libyens quel que soit le temps que cela prendra et quel qu’en soit le coût. C’est nettement préférable aux interventions militaires étrangères ».
Pour lui, la priorité de la diplomatie algérienne doit être donc la relance du dialogue inter-libyen, sachant que « nous avons des relations historiques distinguées avec la Libye ».
« L’Algérie ne fait pas de distinctions entre les différentes composantes du peuple libyen. Ensuite, il faut retourner à l’histoire et se montrer reconnaissants envers nos frères libyens qui nous ont beaucoup aidés pendant la guerre de Libération », rappelle-t-il.
Abdelaziz Rahabi estime que la diplomatie algérienne peut jouer un tel rôle après l’élection d’une nouvelle équipe dirigeante.
« Les changements survenus récemment en Algérie pourraient avoir des répercussions positives sur le rôle de la diplomatie algérienne à l’avenir. Il faut reconnaitre que la maladie de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika avait tétanisé la diplomatie algérienne, sachant qu’il ne pouvait plus se déplacer ou recevoir les hôtes étrangers, alors qu’il avait concentré à son niveau toute la politique étrangère », estime-t-il.
Rahabi ajoue qu’ « aujourd’hui, il y a une nouvelle donne au vu des changements survenus dans le pays. » « A mon avis, le retour du rôle diplomatique de l’Algérie doit être pratique, c’est-à-dire pas avec le discours diplomatique ou des décisions, et là je parle avec pragmatisme, tout discours diplomatique nouveau doit être fondé sur la réalité, un programme et des objectifs définis », conseille-t-il.