Il faisait partie des cinq « B », (Bouteflika, Belaiz, Bouchareb, Bedoui et Bensalah) dont le mouvement populaire réclamait le départ depuis février dernier. Quelques jours seulement après la mise à l’écart de Noureddine Bedoui, Abdelkader Bensalah, qui a assuré l’intérim à la tête de l’État depuis le départ forcé de Abdelaziz Bouteflika en avril dernier, a exprimé ce samedi 4 janvier son vœu de renoncer à la présidence de la chambre haute du Parlement.
Une demande visiblement acceptée par le président de la République au regard de la teneur du message par lequel il lui a répondu. « Je saisis cette occasion pour vous renouveler ma grande reconnaissance et la gratitude de la nation pour votre dévouement au service de l’institution parlementaire, de l’État et de notre peuple », a écrit Abdelmadjid Tebboune à l’adresse de Bansalah. « L’histoire vous témoignera inévitablement que vous avez toujours été l’homme de la situation quand le pays avait besoin de vous », a-t-il ajouté.
Président par intérim depuis février après la démission de Bouteflika, Abdelkader Bensalah a vu son mandat prolongé au-delà du 9 juillet, au terme d’un avis du Conseil constitutionnel, avant de passer le témoin le 19 décembre dernier à Abdelmadjid Tebboune, élu président une semaine plus tôt.
Véritable commis de l’État, il n’a jamais fait de vagues durant sa longue carrière qu’il a commencée comme journaliste au journal Echaâb à la fin des années 1960 avant de diriger le même organe au milieu des années 1970. Il a débuté sa carrière parlementaire en 1977 comme député de sa wilaya natale, Tlemcen. Il a aussi fait un bref passage dans le corps diplomatique en étant ambassadeur d’Algérie en Arabie saoudite entre 1989 et 1990, puis porte-parole du ministère des Affaires étrangères en 1993-1994.
Président du Conseil national de transition (CNT) de 1994 à 1997, Abdelkader Bensalah avait aussi dirigé la conférence nationale qui avait débouché sur la désignation du général Liamine Zeroual comme chef de l’État en 1994. Il a participé à la création en 1997 du Rassemblement national démocratique (RND) dont il deviendra secrétaire général à deux reprises.
Président de l’APN pendant cinq ans (1997-2002), il devient président du Sénat depuis 2002, poste qu’il a gardé pendant dix-sept ans, jusqu’à ce qu’il fasse part de son envie de le quitter, sans doute pour des raisons de santé, ce 4 janvier 2020.
Très effacé, il s’est distingué par une loyauté sans faille à l’ex-président de la République qu’il suppléera, en tant que deuxième personnage de l’État, dans quelques activités protocolaires durant ses absences pour maladie, notamment depuis son AVC en 2013.
En mai 2011, dans la foulée des révoltes arabes, il est chargé par Bouteflika de mener les consultations autour de la révision de la Constitution adoptée en 2016.
Soutien actif du cinquième mandat avant que le scrutin prévu le 18 avril ne soit annulé sous la pression populaire, Abdelkader Bensalah a hérité automatiquement du poste de chef de l’État par intérim, en vertu de la Constitution. Malgré de multiples appels au dialogue, il a échoué à organiser l’élection en juillet.
Mais durant les huit mois qu’il a passés à la tête de l’État, Bensalah a effectué plusieurs nominations et limogeages de responsables dans plusieurs institutions de l’État.
Âgé de 79 ans, il est apparu ces derniers mois très affaibli par la maladie. Son renoncement à poursuivre sa mission signe le départ du dernier « B » du sommet du pouvoir comme réclamé par le hirak populaire, même si, pour ce dernier, une telle revendication est quelque peu dépassée maintenant que l’élection présidentielle a pu avoir lieu et sous la supervision de deux « B », Bensalah justement et le Premier ministre Noureddine Bedoui.