Quelle lecture faites-vous de la situation politique actuelle ?
La situation est toujours confuse, le chantier de révision de la Constitution étant toujours en cours, certains partis politiques ont pris part aux consultations initiées par le président de la république, d’autres campent sur leurs positions tout en essayant tant bien que mal de les faire valoir. Le champ médiatique public n’est toujours pas accessible pour l’opposition, ce qui rend la visibilité difficile.
Que pensez-vous du dialogue initié par le président de la république ?
C’est vrai que le président a entamé des consultations avec des personnalités et des partis politiques. Mais on considère que ces consultations doivent d’abord être élargies à toutes les composantes de la société et doivent se hisser au rang d’un dialogue serein et transparent. Lequel devra aboutir à un consensus national à la hauteur des aspirations du peuple. Ceci étant, pour nous le dialogue a toujours été une voix civilisée et adéquate pour résoudre les crises quelles que soient leurs natures.
Pourquoi avez-vous recommandé au président Teboune de dissoudre l’APN ?
Oui effectivement une délégation de notre parti a été reçue par le président de la république. Plusieurs questions ont été abordées durant cette rencontre. Parmi lesquelles l’appel à la libération des détenus du hirak car il nous semble que cette démarche va dans le sens de l’apaisement. Aussi on a exprimé notre position sur la nécessité de dissoudre le parlement car nous pensons que la composante actuelle est formée par les partis de l’Alliance qui sont rejetés par le hirak d’une part, de l’autre part la nouvelle république prônée par tout le monde doit être bâtie avec de nouvelles institutions démocratiques. Par conséquent, il nous semble judicieux de dissoudre ce parlement et organiser des élections législatives anticipées dans un climat transparent, honnête et propre et la formation qui en découle aura pour nous la légitimité d’élaborer la constitution qui sera soumise au référendum.
La crise politique est-elle terminée ?
On a eu un an de contestation ou il y a eu plusieurs rebondissements. Pensez-vous qu’on peut sortir d’une crise multidimensionnelle en quelques mois ? La réponse est non. C’est vrai que les élections présidentielles se sont tenues et c’est vrai aussi que la vacance qui a caractérisée la fonction suprême de l’État a été comblée mais cela ne suffit pas. Toutes les forces vives de la nation sont appelées à œuvrer ensemble et consentir tous leurs efforts pour sortir de cette crise.
Est-ce que le hirak a eu gain de cause ?
Si on parle du fait que l’ancien régime a cédé aux pressions du hirak, que le président déchu a été forcé à quitter le pouvoir, que plusieurs figures de ce régime sont en prison et que la justice a ouvert tous les dossiers alors, on peut dire que le hirak a eu gain cause mais en partie. Toutefois, le bout du tunnel n’est pas encore apparu surtout quand on voit que plusieurs activistes sont toujours en prison et qu’une importante partie de la société est toujours dans la rue. C’est là pour la preuve que beaucoup de travail reste à faire et que certaines revendications ne sont toujours pas acquises.
La journée du 22 février est décrétée journée Nationale par Tebboune. Qu’en pensez-vous ?
Le 22 février mérite qu’il soit décrété journée nationale parce qu’elle a marqué la rupture avec un système corrompu, dévastateur qui a failli détruire le pays. Cette date a donné un brin d’espoir pour construire l’Algérie nouvelle. Enfin cette date symbolise la fierté et la dignité du peuple algérien.
Êtes-vous favorable à une structuration du hirak ?
Faire valoir ses revendications nécessite de s’assoir autour d’une table, et pour que cela aboutisse, le choix de représentants est primordial. C’est pour cette raison que nous pensons que tôt ou tard une structuration du hirak s’impose.