Ancien PDG de Sontrach, Abdelmadjid Attar, sait bien de quoi il parle. Invité ce mardi 25 septembre de TSA Direct, l’ancien PDG de Sonatrach a jeté un véritable pavé dans la mare en soutenant que beaucoup d’employés de Sonatrach sont recrutés avec du piston.
« Il y a beaucoup d’employés qui sont recrutés par piston à Sonatrach même du temps où j’étais à sa tête. Mais le PDG ne peut pas tout contrôler. Lui aussi est sollicité. Et quand il ne rend pas service, il est attendu au tournant ».
Et d’enfoncer le clou : « Il y a un sureffectif à Sonatrach qui n’est pas utilisé. Il y a du social. Tous les recrutements dans le sud c’est du social ». Des propos qui ne manqueront pas de déplaire aux habitants du sud du pays.
Le PDG de Sontrach n’a pas les mains libres !
Sur sa lancée, l’ancien ministre des Ressources en eau a assuré que le PDG de Sonatrach « n’a jamais les mains libres ». La raison ? « C’est un poste sensible. Tout dépend des alliances politiques, sociales et même régionales qu’il a. C’est pareil dans toutes les entreprises publiques », explique-t-il.
Quid de l’actuel patron de l’entreprise pétrolière, Abdelmoumen Ould Keddour ? « Lui, il est en train de casser des tabous comme par exemple l’achat de la raffinerie d’Augusta, le règlement de pas mal de contentieux. Il a les mains un peu libres », estime M.Attar.
Pour ce qui est de l’ambition d’Ould Keddour de hisser Sonatrach parmi les 5 premières entreprises pétrolières au monde, l’ancien ministre n’y croit pas trop.
« Si on ne tient compte que des critères comme le capital, la production, la capitalisation, les réserves, le chiffre d’affaire, etc, force est de reconnaitre qu’il est impossible que Sonatrach soit 5e plus grande entreprise au monde ».
Et M.Attar de nuancer son jugement : « Mais si on prend en compte les réserves de gaz de schiste, oui, elle peut largement être 5e puissance pétrolière dans le monde ».
Maintien de la production de l’Opep
Commentant la décision prise par les pays de l’Opep et non-Opep, dimanche 23 septembre à Alger, de maintenir le niveau actuel de la production, M.Attar a assuré que « le résultat est plus au moins attendu quoi qu’il y a eu une crainte énorme avec le problème entre l’Arabie saoudite et l’Iran et les pressions américaines. Il y a eu une tension extraordinaire mais finalement ils sont sortis avec un wait and see ».
Et de poursuivre : « Ce n’est qu’une réunion technique, il faut attendre celle de décembre prochain et surtout l’entrée en vigueur des sanctions américaines le 4 novembre prochain ».
Les prévisions de l’ancien PDG de Sontrach ? « Si l’Inde et la Chine appliquent les sanctions, il y aura alors 1 à 2 millions barils de moins sur le marché. On aura alors une crise, un choc pétrolier et les prix vont atteindre les 90 à 100 dollars le baril ».
Mais il n’exclut pas que la Russie et surtout l’Arabie saoudite puissent jouer les troubles fêtes en procédant à l’augmentation de leur production ». Et même s’il y a hausse des prix du baril de pétrole, elle sera freinée à partir de 2020 et, avec la diminution par les pays de l’OCDE de leurs importations de pétrole, les cours connaîtront une tendance baissière jusqu’à 2023, sauf conflit géopolitique bien entendu. « Le seul marché qui reste est celui de l’Asie, notamment la Chine et l’Inde », affirme-t-il.
Sauf que l’Algérie est en train de devenir un pays gazier. En plus, on dispose de réserves de gaz de schiste estimées à 22.000 milliards m3 de gaz techniquement récupérables. Mais voilà, le schiste, « ce n’est pas pour demain », et il faut attendre 2030 pour avoir une production de 20 milliards de m3 de gaz.
Quid de la disponibilité de l’eau pour exploiter le gaz de schiste ? L’Algérie n’a pas ce problème, puisqu’elle compte deux nappes phréatiques contenant 30.000 milliards de m3 d’eau. « Seuls 2,7 milliards de m3 sont exploités. On peut donc réserver 6 à 7 milliards m3 d’eau sur 30 ans pour le gaz de schiste sans problème », dit-il.
Gros obstacle, toutefois : avec la loi actuelle « le partenaire étranger souffre » et, du coup, « le gaz de schiste n’est pas rentable », déplore-t-il. Et de recommander : « Il faut changer cette loi en baissant la fiscalité par exemple pour rendre le secteur attrayant ».
Mais l’Algérie a plusieurs atouts entre ses mains et a une alternative pour diversifier son portefeuille énergétique, à savoir les énergies renouvelables. Sauf que dans ce dossier aussi, l’Algérie accuse du retard. « Il y le projet visant à produire 22.000 Mégawatts d’électricité issue du renouvelable. il y a du retard, et je ne comprends pas. C’est certainement une question de moyens financiers et non pas politique. Le projet a besoin de plus de 100 milliards de dollars d’investissement et il a été lancé au moment où le pays connais une crise financière ».