Abdeslam Khelil est un artiste photographe algérien de renom. Il est l’auteur de célèbres portraits et clichés de paysages du Sud algérien. Considéré comme l’un des plus grands représentants de l’art photographique du pays, ses œuvres, toutes en noir et blanc, sont des merveilles du patrimoine culturel national.
Mis à l’honneur dans une exposition internationale, ses clichés sont actuellement exposés dans la célèbre université du Massachusetts, à Boston aux Etats-Unis. Une exposition inaugurée le 18 janvier dernier et qui se poursuivra jusqu’au 15 avril, avec un vernissage prévu le 16 février prochain.
Une occasion pour TSA de revenir sur le parcours d’un enfant du sud qui a su sublimer l’immensité du Sahara algérien.
| Lire aussi : Rencontre avec Mohamed Belhocine, l’éminent professeur algérien
Un amoureux du Grand sud algérien
Abdeslam Khelil est né le 15 mars 1942 à Ouargla, dans le sud-est algérien. Guidé par son frère aîné, qui possédait un studio de photographie, ce passionné de photos réalise sa toute première photographie, un autoportrait, à l’âge de dix ans seulement.
A ses dix-huit ans, en quête d‘amélioration, il s’envole pour Paris où il effectue un stage de deux ans au sein de l’entreprise Kodak.
Après l’indépendance, au début des années soixante, Abdeslam Khelil revient en Algérie et sillonne le grand sud. Il explore alors le Tassili, s’arrête à Djanet et pousse jusqu’aux frontières maliennes et mauritaniennes.
Pour cet amoureux du désert, au Sahara, “les gens n’ont rien à prouver, ils savent ce qu’ils sont”. L’artiste affirme avoir vu dans les yeux des Touareg « le regard de l’autre qui vous aime, qui n’est pas hostile, qui est tout prêt à se donner.» Subjugué par les paysages, le sud algérien et le Sahara deviendront ainsi ses sujets de prédilection, sa ressource… Son bonheur tout simplement.
Un univers saharien insolite
C’est dans les années soixante que Abdeslam Khelil inaugure sa célèbre galerie d’art située rue Didouche Mourad, en plein cœur d’Alger. Une galerie atypique qui respire l’authenticité et l’originalité et dans laquelle cet enfant du désert a su transporter un peu de son désert natal.
Immensité du désert, instants de vie furtifs, portraits de Touareg au regard fier et profond, Abdeslam Khelil raconte le sud de façon humaine et non matérialiste.
| Lire aussi : Rabah Ourrad : parcours atypique d’un grand chef cuisinier algérien
En 1980, un événement tragique vient bouleverser la vie de l’artiste. Sa galerie est détruite dans un incendie dévastateur. Abdeslam Khelil, qui a alors renoncé à la photographie, reconstruit tout de ses mains. Mais la montée du terrorisme en Algérie, dans les années quatre-vingt dix, fait fuir son public occidental. Il perd alors l’essentiel de sa clientèle.
Depuis, “il s’est enfermé dans sa bulle d’artiste, imperméable aux banalités de la vie, fidèle à sa galerie, ses génies, ses djnoun : Vivaldi, Mozart, son sable, ses plantes et ses photos”, raconte sa fille, Rym Khelil.
Attaché à sa région natale et empreint de sagesse, Abdeslam Khelil imprime, dans chacune de ses photos sa philosophie de vie pleine de respect, d’humilité et de reconnaissance envers le Créateur.
« La vie n’est pas du domaine du pouvoir humain. Je n’aime pas voler ou faucher Dieu, je veux accomplir mon noble devoir d’humain et je mérite la vie parce que je la construis », dit-il.
L’artiste, qui considère que “l’homme est un perpétuel insatisfait”, refuse d’être esclave de la bêtise sociale. Pour lui, “la richesse est un état d’âme”.
Dans sa galerie, on peut voir une bougie, toujours allumée. “Une bougie de l’espoir”. Pour Abdeslam Khelil, c’est une façon de rendre hommage à Dieu, à une personne ou à un évènement. Génie de la photographie, les œuvres et la philosophie de Abdeslam Khelil invitent à la réflexion et à un retour vers l’essentiel.