Les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont vendredi 22 juin à Vienne convenu d’augmenter le niveau de production de pétrole, à compter du 1er juillet prochain.
Les sources divergent sur la quantité supplémentaire qui sera réellement mise sur le marché car le communiqué de presse officiel du cartel, à l’issue de la réunion des ministres, n’a pas donné de précisions à ce sujet ni sur les pays qui augmenteraient leur production et dans quelles proportions.
Certaines sources avancent une augmentation de 1 million de barils par jour (mbp) ce qui aurait pour effet d’annuler en partie l’accord de réduction de la production de 1,2 mbp décidée par l’OPEP fin 2016, contribuant à faire monter les prix du pétrole.
Le ministre de l’énergie des Émirats Arabes Unis, Suhail Al Mazrouei, qui est également président de l’OPEP, a pour sa part évoqué une augmentation équivalente à « un peu moins de 1 mbp », que des analystes estiment à environ 700 000 barils par jour.
D’autres sources encore indiquent que les pays de l’OPEP se sont seulement entendus à ramener leurs productions au seuil contenu dans l’accord de réduction de 1,2 mbp signé en 2016, dont le taux de conformité aurait atteint 154% en mai 2018.
La Russie, 2ème producteur mondial de pétrole, et la Chine, 1er consommateur mondial, étaient, pour des raisons différentes, favorables à une augmentation de la production, mais ce sont surtout les États-Unis qui ont montré le plus de détermination quant à un relèvement du seuil de production de l’OPEP.
L’Arabie saoudite plie face aux pressions américaines
Cette annonce d’une augmentation de la production est intervenue dans un contexte de fortes pressions politiques pour faire monter la production puisque le président américain, Donald Trump, dans un de ces tweets, a récemment mis en cause l’OPEP pour la montée des prix du pétrole qu’il a jugé élevés, appelant publiquement le cartel à faire baisser les prix.
Avant la réunion de vendredi, le plus grand producteur de l’OPEP, l’Arabie Saoudite, s’était aussi montré ouvert à une production plus élevée.
Pourtant en avril dernier, lors de la réunion de l’OPEP à Djeddah, en Arabie saoudite, le ministre saoudien de l’Énergie, Khalid Al-Falih, avait déclaré que l’accord de l’OPEP était toujours de mise car le rééquilibrage du marché n’était pas encore achevé. À l’issue de ce sommet, aucun changement de politique de production ne semblait être envisagé.
Entre temps, Donald Trump, inquiété par les prix des carburants aux États-Unis, a lancé des Tweets dans lesquels il accuse l’OPEP de gonfler les prix « artificiellement ».
Tout d’un coup, l’Arabie saoudite modifie son approche sur l’accord de réduction de la production et propose une augmentation de 1 mbp, comme l’Amérique le souhaitait.
Avant la réunion de Vienne, l’Arabie saoudite aurait même fait pression pour que d’autres membres de l’Opep rejoignent sa proposition mais son lobbying a visiblement eu un effet limité, car les pays opposés à l’augmentation n’étaient pas disposés à faire de grandes concessions.
L’Algérie, l’Iran, l’Irak et le Venezuela opposés à l’augmentation
De l’autre côté, l’Iran, le Venezuela, l’Irak et l’Algérie étaient totalement opposés à l’idée d’une augmentation de la production.
L’Iran, dont la production est entravée par les sanctions américaines, ne veut ni céder de part de marché à son rival saoudien ni subir de pertes de revenus. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a déclaré avant la réunion que « nous ne sommes pas ici pour recevoir les instructions du président Trump ».
Le Venezuela qui traverse une grave crise économique, sociale et politique et dont la production a dégringolé, ne veut pas risquer de perdre davantage de revenus en cas de baisse des prix du pétrole.
L’Irak, deuxième producteur de l’OPEP, et l’Algérie, artisane de l’accord de réduction de 2016, se trouvent aussi dans des positions financières délicates.
Ceci pourrait expliquer le fait que le ministre émirati de l’Énergie ait déclaré que la décision de l’Opep, prise à l’unanimité, consistait seulement à se conformer entièrement à la limite de production du cartel, ajoutant même que les niveaux de production actuels étaient inférieurs à la limite contenue dans l’accord « d’un peu moins de 1 mbp [et que] le but est de ramener le taux de conformité à l’accord de production actuel à 100% »
D’ailleurs en quittant la réunion, le ministre iranien de l’Énergie, a déclaré que l’accord de vendredi représentait «moins de 700 000 barils par jour » dans la pratique.
Cela confirme un peu plus l’hypothèse que les pays opposés à l’augmentation n’ont rien cédé de plus que ce que prévoyait l’accord de rééquilibrage du marché de 2016, et montre surtout à quel point l’Arabie saoudite est perméable aux pressions américaines.