Un nouveau round de négociations entre le Maroc et l’Union européenne a débuté vendredi à Rabat pour le renouvellement de leur accord de pêche, qui devra tenir compte d’une récente décision de la justice européenne relatif au Sahara occidental occupé.
Selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères, la rencontre s’est « déroulée dans une atmosphère sereine de partenariat (…) constructif » et « a permis de réaliser d’importants progrès vers la finalisation des négociations en vue de parvenir à un accord équilibré, durable et mutuellement avantageux », rapporte l’AFP.
Les principaux négociateurs sont le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita et le directeur des Affaires maritimes et de la Pêche à la Commission européenne Joao Aguiar Machado. Une première session de négociations s’était tenue fin avril à Rabat.
Le Front Polisario a réagi en rejetant « purement et simplement » ce processus de consultation visant à inclure le Sahara occidental dans le champ d’application de leurs accords agricole et de pêche.
« Contrairement à ce qu’affirme la Commission, le Front Polisario n’a pas participé à ce processus et a, à maintes reprises, clairement indiqué que nous le rejetons purement et simplement », a déclaré à l’APS ce vendredi le ministre sahraoui délégué pour l’Europe, Mohamed Sidati.
Il a soutenu que le processus de consultation de la Commission vise à « contourner le droit de l’UE » qui a jugé que ni les accords d’association et de libéralisation des produits agricoles, ni l’accord de pêche UE-Maroc ne sont applicables au Sahara occidental et à ses eaux adjacentes.
« Nous avons invité la Commission à poursuivre un dialogue constructif en dehors du cadre de ce processus, mais elle ne s’est pas encore sérieusement engagée », a-t-il regretté.
Mohamed Sidati a estimé, en outre, que la liste des « parties prenantes » impliquées dans le processus de consultation, dévoilée dernièrement par l’Observatoire des ressources naturelles au Sahara occidental (WSRW), témoigne du « mépris total » de la Commission européenne pour les décisions successives de la Cour européenne de justice, et « porte atteinte à la crédibilité du processus ».
« Il ressort clairement de la liste que la Commission n’a consulté qu’un ensemble d’acteurs directement liés au gouvernement marocain dont une société marocaine appartenant à l’État », a-t-il souligné.
Près de 90 associations représentant la société civile sahraouie ont, d’ailleurs, refusé de participer au processus de consultation, jugeant celui-ci biaisé et renvoyant la Commission vers le représentant légal du Sahara occidental, le Front Polisario.
Le ministre sahraoui s’est dit « profondément préoccupé » par l’approche adoptée par l’UE dans le cadre de la renégociation de ses accords commerciaux avec le Maroc. Des accords, a-t-il poursuivi, qui « font explicitement référence au territoire du Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui ».
« La complicité de l’UE dans le renforcement de l’occupation illégale du Sahara occidental conforte le Maroc dans son refus de rechercher un véritable règlement politique au conflit à travers la table de négociation », a-t-il soutenu.
Mohamed Sidati a exprimé également l’inquiétude du Front Polisario face aux mesures prises par l’UE et qui, a-t-il dit, « minent les efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental, Horst Kohler, en vue de relancer les pourparlers de paix ».
Il a exhorté, à ce titre, l’UE et ses États membres à « revoir immédiatement » cette approche « préjudiciable », en mettant fin à toutes les actions en cours pour exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui et à « prendre des mesures pour se conformer aux décisions de la Cour européenne de justice ».
L’accord de pêche Maroc-UE, qui permet aux navires européens d’accéder à la « zone de pêche marocaine » en échange d’une contribution économique annuelle de 30 millions d’euros, arrive à échéance en juillet.
La Cour de justice de l’UE avait rendu fin février une décision sur la validité de cet accord, estimant qu’il était « applicable au territoire du royaume » mais ne concernait pas les eaux de la région disputée du Sahara occidental, non mentionnées dans le texte.
Mi-avril à Luxembourg, les États membres de l’UE avaient donné leur feu vert pour amender l’accord. Pour la Commission européenne, qui négocie au nom des 28 États membres, il est « possible d’étendre les accords bilatéraux avec le Maroc au Sahara occidental sous certaines conditions ».