Le président Abdelmadjid Tebboune a accordé une entretenue à des médias algériens diffusée ce jeudi durant laquelle il a clarifié les choses sur les accords d’Evian, les relations de l’Algérie avec la France, la Russie et les Etats-Unis.
Le président a d’abord abordé l’état des relations algéro-françaises, qui ont connu de fortes turbulences en 2021, avant de revenir à la normale à la faveur de la visite du président Emmanuel Macron fin août dernier en Algérie.
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« Pour la première fois, l’Algérie et la France cherchent l’apaisement. Le conflit qui nous opposait pouvait être réglé. On leur a dit que nous ne céderons rien sur la mémoire. L’histoire reste l’histoire, personne ne peut la falsifier. Il y a des gens qui ont profité de ce conflit pour nuire à l’image de l’Algérie en France », a expliqué M. Tebboune, en soulignant qu’il y a plus de 5 millions d’Algériens en France, et qu’ « il ne peut pas les abandonner ».
L’Algérie « ne renonce pas » aux accords d’Evian
« De bonnes relations avec la France leur permettront de vivre dignement et d’être protégés », a soutenu le président Tebboune qui a abordé l’aspect stratégique de la relation entre l’Algérie et la France.
« La France est une puissance européenne, membre du Conseil de sécurité. L’Algérie est une puissance africaine. Nous devons nous entendre, nous avons beaucoup de travail à faire ensemble », a ajouté M. Tebboune, sans oublier, a-t-il ajouté, ce qu’a fait la France coloniale en Algérie.
« Je l’ai toujours dit, et je n’ai aucun complexe avec la France, nous travaillons avec elle, d’égal à égal, d’Etat à Etat. Pour traiter l’Algérie avec le regard de 1962, il vaut mieux mettre des lunettes. Ces histoires sont terminées (…) Nous avons fait beaucoup de progrès, même du côté sécuritaire », a expliqué M. Tebboune, en affirmant que l’Algérie « ne renoncera pas » aux accords d’Evian. Le président de la République a toutefois mis en garde la France de ne pas cantonner sa relation avec l’Algérie dans un cadre restreint lié aux visas.
« Nous avons une autre relation », a-t-il estimé. « Les relations avec le président Macron sont très bonnes. Lui, il s’est libéré du complexe du colonisateur et de la puissance, nous on s’est libérés du complexe du colonisé », a ajouté Abdelmadjid Tebboune, en insistant qu’une bonne relation avec la France ne signifie pas que l’Algérie oubliera ce qui s’est passé durant la colonisation.
Algérie – Russie : le message de Tebboune aux Etats-Unis
Sur l’invitation du président russe Vladimir Poutine pour se rendre en Russie, le président Tebboune a répondu : « J’irai à Moscou, bien sûr ». Le chef de l’Etat a saisi l’occasion pour adresser un message aux Occidentaux, notamment les Etats-Unis, qui menacent de sanctionner les pays qui développent des relations avec la Russie, dans le contexte de la guerre en Ukraine.
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« La Russie est un pays ami, mais contre un autre pays. Les Etats-Unis est un pays ami. La Chine, l’Inde et les pays de l’Union européenne sont des pays amis. Où est le problème ? Vous devenez un ami pour me dire qu’il ne faut pas aller chez l’autre ? Non, j’irai en Russie, nos relations avec ce pays sont anciennes. J’irai en Chine aussi ».
Le président Tebboune a annoncé l’adhésion de l’Algérie aux Brics en 2023, mais pour cela, il faut que le PIB algérien dépasse les 200 milliards de dollars.
Algérie – Arabie saoudite : « Nos relations sont très bonnes »
Le président Tebboune a qualifié les relations entre l’Algérie et l’Arabie saoudite de « très bonnes », en accusant certaines parties de chercher à parasiter les rapports entre les deux pays. Toutefois, le président Tebboune a laissé entendre que des frictions existent entre Alger et Riyad à cause de la politique étrangère de l’Algérie.
« Nos décisions relatives à la politique étrangère sont souveraines. Les décisions de l’Arabie saoudite aussi. Nous essayons de s’entendre, d’avoir les mêmes objectifs. En ce qui nous concerne, nos relations bilatérales sont très bonnes », a dit Abdelmadjid Tebboune. Le prince héritier de l’Arabie saoudite Mohamed Ben Salmane avait brillé par son absence durant le sommet arabe d’Alger du 1er novembre dernier, ce qui a alimenté les rumeurs sur des tensions entre les deux pays.
Sur la Libye, le président Tebboune a répété que la seule solution à la crise qui frappe ce pays est la tenue d’élections. « Il n’y a pas d’autres solutions », a-t-il insisté.
