Les Émirats arabes unis et Bahreïn ont signé mardi 15 septembre les accords de normalisation avec Israël, rejoignant la liste très restreinte des pays arabes ayant déjà établi des relations diplomatiques avec Israël.
Ils ont rejoint l’Égypte et la Jordanie, qui avaient franchi le pas, respectivement en 1979 et en 1994. Si le principal enjeu de cette normalisation est politique, en raison du conflit israélo-palestinien et de la forte implication du président américain Donald Trump dans la conclusion de ces accords, les considérations économiques ne sont pas négligeables.
Jeudi, la société de gestion des ports de Dubaï DP World, qui exploite de nombreux ports à travers le monde dont deux en Algérie, Alger et Djendjen (Jijel), a signé un accord avec la DoverTower israélienne, pour soumissionner ensemble à la privatisation du port de Haifa et étudier l’ouverture d’une ligne maritime entre les deux pays, selon le journal Middleeasteye.net.
Les deux pays ont déjà entamé les démarches pour l’ouverture de lignes aériennes commerciales directes, et l’Arabie saoudite a autorisé les avions israéliens, en provenance ou en direction des Émirats de survoler son territoire. L’enjeu de la normalisation n’est pas uniquement politique.
Pour François-Aissa Touazi, fondateur du think-tank français Capmena et spécialiste pétromonarchies du Golfe, « même si l’enjeu est essentiellement politique » entre les Émirats, Bahreïn et Israël, « on pourrait voir l’émergence de nouvelles coopérations, essentiellement dans le domaine sécuritaire et les nouvelles technologies ».
Ancien diplomate au Quai d’Orsay, M. Touazi, met en avant « les pôles d’excellence israéliens dans le domaine de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle et de la santé », qui pourraient intéresser Manama et Abou Dhabi, « en particulier les Émirats qui cherchent à s’imposer dans ces secteurs ».
Il estime que des « investissements croisés pourraient également se développer » entre ces pays, ajoutant que « l’expertise israélienne dans le secteur des énergies renouvelables ou dans le domaine de l’eau et de l’irrigation pourraient également constituer un axe de coopération ».
Outre les nouvelles technologies, l’eau et l’irrigation, les Émirats et Bahreïn peuvent aussi tirer profit de « l’expérience » israélienne pour réduire leur forte dépendance alimentaire de l’étranger et attirer des touristes israéliens, ajoute M. Touazi.
Alors que durant les années 90, Israël avait ouvert des bureaux de représentations commerciales au Qatar et Oman, les « accords d’Abraham » représentent un passage à la vitesse supérieure, estime M. Touazi.
« Avec ces bureaux commerciaux à Doha et à Mascate, il ne s’était pas passé grand-chose sur le plan de la coopération et ces bureaux ont été impactés par les crises à répétition. Aujourd’hui, on est clairement dans une normalisation des relations avec des échanges d’ambassadeur et la perspective d’ouverture de relations dans des domaines divers », explique le spécialiste.