Moscou a mis en garde dimanche Washington contre une “intervention militaire pour des prétextes fabriqués” en Syrie qui pourrait “mener aux plus lourdes conséquences”, affirmant que le régime n’a pas employé d’armes chimiques contre les rebelles à Douma, dans la Ghouta orientale.
“Nous devons une fois de plus prévenir qu’une intervention militaire pour des prétextes inventés et fabriqués en Syrie, où se trouvent des soldats russes à la demande du gouvernement légitime syrien, est absolument inacceptable et peut mener aux plus lourdes conséquences”, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
La diplomatie russe qualifie de “provocations” les accusations d’attaques chimiques des forces syriennes contre les rebelles à Douma, ultime poche rebelle dans la Ghouta orientale, où des raids du régime ont fait plusieurs dizaines de morts parmi les civils vendredi et samedi.
“Le but de ces spéculations (…) est de couvrir les terroristes et l’opposition radicale rejetant une résolution politique” du conflit “tout en essayant de justifier un possible coup de force de l’extérieur”, ajoute ce communiqué, publié avant la réaction de Donald Trump selon qui Damas devra “payer le prix fort” pour cette “attaque chimique insensée”.
Auparavant, le général Iouri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, avait indiqué que Moscou “dément fermement” les accusations d’attaques chimiques à Douma, selon des propos rapportés par les agences russes.
“Nous sommes prêts, une fois que Douma sera libérée, à envoyer immédiatement des spécialistes russes en défense nucléaire, chimique et biologique pour recueillir les données qui confirmeront que ces assertions sont montées de toutes pièces”, a-t-il ajouté.
Les Casques Blancs, des secouristes en zones rebelles, un groupe insurgé ainsi que l’opposition en exil ont accusé le régime d’avoir mené une attaque chimique samedi à Douma. Dans un communiqué conjoint, les Casques Blancs et l’ONG médicale Syrian American Medical Society (SAMS) ont affirmé que 48 personnes avaient péri dans cette attaque
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a pour sa part fait état de dizaines de cas de suffocation, dont certains mortels, sans toutefois se prononcer sur l’emploi ou non d’armes chimiques.
“De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque CHIMIQUE insensée en Syrie”, a tweeté M. Trump, assurant qu’il faudra en “payer le prix fort”. Il a pointé du doigt la “responsabilité” de la Russie et de l’Iran, un autre soutien de M. Assad qu’il a qualifié “d’animal”.
“Ces informations, si elles sont confirmées, sont effroyables et exigent une réponse immédiate de la communauté internationale”, a affirmé la porte-parole du Département d’Etat américain Heather Nauert dans un communiqué.
“La Russie, avec son soutien sans faille au régime, porte la responsabilité finale de ces attaques brutales”, a-t-elle ajouté.
Le régime syrien a été accusé à plusieurs reprises d’avoir utilisé l’arme chimique contre les rebelles depuis le début du conflit. Les Nations unies estiment notamment qu’il a employé du gaz sarin dans une attaque en avril 2017 contre le village de Khan Sheikhun, tenu par l’opposition.