Les généraux Toufik et Tartag, Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune ont été acquittés ce samedi 2 janvier par le Tribunal militaire de Blida. Dans cet entretien, Me Miloud Brahimi, avocat de Toufik et Saïd Bouteflika, revient sur cette affaire qui a défrayé la chronique en Algérie.
Qu’avez-vous retenu comme enseignements du procès ?
Me Miloud Brahimi : Ce que j’en retiens est qu’enfin justice a été rendue à des innocents après presque deux années de souffrances. Et après deux premières décisions qui les ont condamnés à 15 ans de réclusion criminelle, ce qui n’est pas rien. Ces peines étaient totalement injustifiées et au surplus extrêmement lourdes. Or, ce sont des innocents et on ne condamne pas des innocents même à des peines légères. On reconnaît leur innocence en les acquittant, c’est ce qui vient d’être fait aujourd’hui. Je voudrais ajouter une chose : puisqu’on parle aujourd’hui d’une « Algérie nouvelle », c’est l’occasion de dire qu’il n’y pas d’Algérie nouvelle sans une justice nouvelle. Et la justice militaire nous a donné aujourd’hui l’exemple de ce que devrait être la justice, c’est-à-dire rendre à chacun ce qui lui est dû : innocenter les personnes innocentes. J’espère que cette décision (la relaxe) est annonciatrice demain pour les détenus d’opinion qui méritent également d’être innocentés.
À ce propos, un mot pour les détenus d’opinion qui croupissent dans les prisons algériennes ?
Je pense que leur détention et leur condamnation ne font rien pour aider le pouvoir et cette « Algérie nouvelle » qui encore une fois ne peut pas fonctionner et ne peut pas se construire sans une justice nouvelle. Et cette justice nouvelle veut que les détenus d’opinion rentrent chez eux au plus vite et qu’ils soient innocentés.
Après ce procès, la justice algérienne est-elle ressortie plus forte ou décrédibilisée ?
Bien sûr que la justice en est ressortie plus forte, puisqu’elle a fini par reconnaître l’innocence de personnes innocentes. La justice était affaiblie par les décisions de condamnations. Maintenant qu’elle a rendu justice, si j’ose m’exprimer ainsi, à des innocents elle en est ressortie renforcée.
Pensez-vous que ce procès a été beaucoup plus un règlement de comptes, comme le pense de nombreux observateurs ?
Bien sûr qu’il y a des dessous. Nous avons lutté et nous nous sommes battus contre ces dessous et la justice et la vérité viennent de triompher.
Aujourd’hui, plus personne ne doit aller en prison pour ses opinions ?
C’est évident. Je l’ai dit et je le répète : les délits d’opinion ne sont pas passibles de prison, parce que ce ne sont pas des délits. Chacun pense ce qu’il veut comme il veut.
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