Politique

« Actes » anti-musulmans en France : le constat glaçant de la Grande mosquée de Paris

Alors que des médias et des politiques se focalisent sur les actes antisémites, les propos islamophobes se multiplient et se banalisent en France sur fond de guerre entre Israël et la Palestine.

Sur les plateaux télé ou les réseaux sociaux, des propos stigmatisant la communauté musulmane sont régulièrement tenus.

Le « deux poids, deux mesures » devant les meurtres de civils se répète pour les actes et propos racistes, selon qu’ils ciblent les Juifs ou les musulmans. Après avoir dénoncé l’augmentation des actes et discours antimusulmans en France, la Grande mosquée de Paris a décidé de saisir l’Arcom, le gendarme français de l’audiovisuel.

Il y a quelques jours, des voix en France se sont offusquées, au nom de la laïcité, de la prière collective accomplie par un groupe de musulmans à l’aéroport de Roissy. Des images similaires montrant des Juifs en train de prier dans le hall de l’autre aéroport parisien, Orly, n’ont pas suscité les mêmes réactions.

Le vieil amalgame entre Islam et terrorisme est revenu en force à la faveur de la dégradation de la situation en Palestine, depuis le 7 octobre.

Dans une lettre à Roche-Olivier Maistre, le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, a établi un constat glaçant sur la montée de l’islamophobie en France.

Il a mis en garde contre les tensions en cours en France qui « mettent en péril la cohésion nationale », pointant du doigt des atteintes à « des groupes et des personnes en raison de leurs appartenances religieuses ».

Le recteur de la Grande mosquée de Paris a mis l’accent sur « les actes répréhensibles » qui touchent les musulmans de France, disant constater une « évolution dangereuse et pernicieuse qui conduit les musulmans de France à devenir les cibles de propos absolument inadmissibles ».

Le recteur de la Grande mosquée de Paris fustige la « banalisation d’une parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse » contre les musulmans. « Les médias ne sauraient être les vecteurs d’une telle évolution », écrit-il.

Des médias contribuent, en effet, à la montée de l’islamophobie en laissant passer des propos racistes envers les musulmans.

Islamophobie en France : la Grande mosquée de Paris parle d’une « évolution dangereuse »

Éric Zemmour, qui s’est fait un nom en stigmatisant les musulmans pendant plusieurs années en tant que chroniqueur sur les chaînes françaises, ne pouvait pas ne pas saisir l’opportunité des évènements en cours en Palestine pour sortir sa vieille rengaine de « grand remplacement » et de « guerre des civilisations » et décréter de nouveau que « l’Islam n’est pas compatible avec la France et la République ».

À propos de « compatibilité », Alain Juppé, à mille lieues pourtant des courants racistes et xénophobes en France, a invité les théologiens musulmans à trouver « une conception de l’Islam contextualisée dans le monde d’aujourd’hui », loin de « la lecture littérale du Coran ».

Parmi les propos les plus inadmissibles tenus sur les musulmans, ceux de l’avocat franco-israélien Arno Klarsfeld qui a fait un procès d’intention à tous les musulmans de France, susceptibles selon lui de commettre des attentats contre les Juifs, car ils « travaillent sur les chantiers et ont accès à des explosifs ».

« L’antisémitisme vient essentiellement d’une partie de la population musulmane », accuse l’avocat. Un membre du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, invité sur CNews, a, lui, innocenté tout le monde sauf les Maghrébins et les musulmans.

« Dans 100% des dossiers que nous traitons, il n’y a personne d’autre que des Maghrébins ou des musulmans », a-t-il dit.

Il y a comme une volonté concertée des milieux pro-israéliens et de l’extrême-droite de stigmatiser les seuls musulmans tout en passant sous silence les actes qui les visent. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, en est arrivé à disculper le fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, des accusations d’antisémitisme qui lui ont valu pourtant des condamnations judiciaires par la justice française.

Même le gouvernement n’est pas épargné par les critiques. La semaine passée, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a tu, pendant cinq jours, l’identité des auteurs d’étoiles de David taguées sur des murs à Paris. La police avait arrêté deux Moldaves, mais l’opinion publique a continué à penser qu’il s’agissait de musulmans.

Même scénario dans l’affaire de la femme de confession juive poignardée à Lyon. Aussitôt la nouvelle annoncée, les mêmes pro-israéliens ont qualifié l’acte d’antisémite et des doigts accusateurs ont désigné les mêmes coupables, à savoir les musulmans, avant que la police dise qu’elle étudie d’autres pistes.

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