En moins d’une année, deux gymnastes binationaux affiliés à la Fédération française ont opté pour l’Algérie. Kaylia Nemour a choisi de défendre les couleurs de son pays d’origine en mai 2023. En février dernier, Adam Cogat lui a emboîté le pas.
Adam Cogat explique qu’il s’est inspiré du cas de Kaylia Nemour pour franchir le pas du changement de sa nationalité sportive.
Kaylia Nemour a opté pour l’Algérie après un différend avec la Fédération française de gymnastique (FFG). Opérée des genoux en 2021, alors qu’elle n’avait que 14 ans, les médecins de la FFG lui ont interdit de reprendre la compétition.
Pour pouvoir relancer sa carrière, elle a demandé à conquérir sous les couleurs de l’Algérie, pays d’origine de son père, Jamel Nemour.
Adam Cogat raconte le rôle joué par Kaylia Nemour
Chose qu’elle a obtenue en mai 2023, après un long bras de fer avec les autorités sportives françaises. En moins d’une année, elle a glané plusieurs médailles pour l’Algérie (argent aux championnats du monde, or aux championnats d’Afrique et 4 médailles d’or en coupe du monde).
Adam Cogat a, lui, opté pour le pays d’origine de sa mère en février 2024, pour des raisons différentes. Dans un entretien paru ce samedi 8 juin dans le quotidien Ouest-France, le gymnaste de 20 ans précise qu’il a quitté la Fédération française "en très bons termes".
"On a discuté et ils ont respecté mon choix. Je les en remercie. Il y a peut-être eu des problèmes, mais la FFG reste une très belle Fédération, avec de très bonnes personnes", reconnaît-il.
Tout en révélant que l’idée d’opter pour la nationalité sportive algérienne "a toujours été dans un coin de (sa) tête", Adam Cogat explique que ce qui l’a décidé à franchir le pas, c’est son envie de briller à l’international au haut niveau.
Le gymnaste n’a en effet jamais été appelé chez les seniors français malgré un très beau palmarès en catégories jeunes avec notamment deux titres de champion de France U16 et U18 et trois médailles aux championnats méditerranéens juniors en 2019. « Je pense avoir fait de mon mieux avec l’équipe de France (…) mais je n’ai jamais été appelé chez les seniors", dit-il.
Néanmoins, c’est l’histoire de Kaylia Nemour qui l’a définitivement convaincu de rejoindre l’Algérie, raconte-t-il.
Le gymnaste Adam Cogat explique le rôle de Kaylia Nemour dans sa décision
"Oui, Kaylia Nemour m’a ouvert les yeux. Quand j’ai vu à quel point elle brillait à l’international depuis son changement de nationalité sportive, son parcours a été une source d’inspiration« , reconnaît le jeune gymnaste, qui va plus loin et estime que le cas de Kaylia »a permis de faire naître un sentiment d’espoir chez beaucoup de personnes".
Kaylia Nemour n’a pas manqué de souhaiter la bienvenue à son compatriote et de l’encourager. "Elle m’a dit que je n’aurai aucun regret et que j’allais pouvoir m’exprimer comme je le souhaite, dans le sens où mon travail allait payer au bout d’un moment", témoigne-il.
Au passage, il révèle qu’il s’est fixé l’objectif avec Kaylia Nemour de faire une compétition mixte en Suisse ensemble. "Ce serait fou", dit-il.
Comme Kaylia Nemour, Adam Cogat a été agréablement surpris par l’accueil qui lui a été réservé en Algérie. "En termes de résultats, je n’ai encore rien chez les seniors… Mais j’ai l’impression que les Algériens prennent leurs athlètes comme si c’était des stars", note le gymnaste.
En optant pour l’Algérie, Adam Cogat avait comme principal objectif de participer aux Jeux olympiques de Paris 2024, mais il a dû déchanter lorsque la Fédération algérienne a boycotté les championnats d’Afrique au Maroc, du 30 avril au 7 mai, qualificatifs pour le JO. Néanmoins, le jeune sportif n’est pas trop affecté.
"Je n’ai pas de regret car aller aux Jeux olympiques sans avoir fait une seule sortie internationale chez les seniors, ça aurait été un exploit", reconnaît-il. Ce n’est que partie remise pour le gymnaste prometteur qui a désormais dans le viseur les Jeux olympiques de 2028.
À ceux qui pourraient l’accuser d’opportunisme, Adam Cogat répond d’une manière très philosophique, estimant que "c’est une liberté d’avoir un mélange ethnique".
"De nos jours, il y a beaucoup de discriminations pour plein de choses et j’aimerais montrer que d’un côté ou de l’autre, on doit être unis, s’enrichir en découvrant de nouvelles cultures (…) En tant que Franco-Algérien, cette nouvelle tournure dans ma carrière vient aussi créer mon identité", assure-t-il.