« La Dernière reine », le film algérien de Adila Bendimerad et Damien Ounouri, fait une entrée respectable dans les salles en France où il est sorti le 19 avril.
Pour sa première semaine de projection, le film est entré dans le top 20 du Box-office français avec 25 000 entrées.
C’est le fruit d’un travail acharné. La réalisation du film n’a pas été facile et les deux coréalisateurs en ont parlé longuement dans les médias.
Mais la sortie de l’œuvre ne signifie pas la fin des péripéties. Il faut aussi se battre pour lui donner une visibilité et le placer dans les salles, ce qui n’est pas évident dans un environnement fortement concurrentiel.
Adila Bendimerad évoque cet aspect à TSA et fait part des difficultés rencontrées pour placer le film.
« C’était difficile au début parce qu’on était très décalés des professionnels en France. Nos distributeurs se sont vraiment battus pour essayer de placer le film dans les salles », assure-t-elle.
Étant un film en langue étrangère et non doublé en français, « La dernière reine » n’a pas pu obtenir le label AFCAE (Association française des cinémas d’art et d’auteur).
« Il y avait un débat au niveau de l’AFCAE entre les exploitants, donc les directeurs de cinémas. Ils n’ont pas soutenu le film mais il y a eu tout un groupe qui a dit que ce film est un film populaire, c’est aussi un film d’auteur et c’est important de le soutenir », ajoute la réalisatrice qui se félicite du fait qu’il y a eu « un groupe d’irréductibles » qui ont eu le courage de placer le film.
Bendimerad tient à apporter une précision de taille. Le nombre d’entrées réalisées jusque-là, a été atteint avec seulement 61 copies.
Contrairement à ce qui se dit, 61 copies ce n’est pas beaucoup. « Nous on a fait 25 000 entrées en une semaine avec seulement 61 copies », insiste-t-elle.
C’est le public qui « a donné la force » à « La Dernière reine »
Les réalisateurs s’attendaient-ils à un tel engouement du public ?
Adila Bendimerad répond : « Au départ, ça nous a surpris parce que le noyau, les premières avant-premières, c’était vraiment le public algérien qui était en France depuis longtemps ou les Algériens qui étaient en France de passage. C’est ce public là qui, vraiment au tout début, a commencé à faire des salles complètes. On s’est dit bon, c’est notre public d’Algérie parce qu’il nous connait Damien et moi, c’est normal, c’est peut-être une bulle ».
« C’est vrai qu’à chaque avant-première, on nous mettait dans une petite salle, après les gens nous écrivaient en nous disant qu’ils ne pouvaient plus réserver. Ce n’était pas un bug, juste que c’était complet et on passait à une plus grande salle. C’est arrivé à UGC, à Clermont-Ferrand, Marseille Argenteuil… Petit à petit, ce public nous a donné la force et a commencé à en parler, il s’est élargi et il y a eu comme un truc de la part du public qui avait envie de défendre le film », raconte la réalisatrice algérienne.
Cette visibilité, « La Dernière reine » la doit aussi à la presse alternative et aux petits podcasts sur les réseaux sociaux. « C’est l’alternative qui a commencé à vraiment faire du bruit pour nous », reconnaît-elle.
Adila Bendimerad salue aussi le travail fait par les distributeurs et particulièrement par l’attaché de presse Hasssan Guerar, un Franco-Algérien, auquel elle rend hommage.
« Il se bat depuis des années pour le cinéma maghrébin et le cinéma algérien en France. Il a fait un travail remarquable, il s’est vraiment battu et je lui rends vraiment hommage parce qu’il s’est battu non seulement comme un attaché de presse, mais comme un attaché de presse français d’origine algérienne qui veut défendre le cinéma algérien. C’est grâce à lui qu’on a réussi à avoir de la visibilité sur France 2, France 5, Canal+, Télérama, toutes les radios… »