C’est confirmé par la voix la plus autorisée qui soit, le procureur de la République près le tribunal d’Azazga : la jeune fille dont le corps a été découvert lundi 15 février dans une décharge à la forêt de Yakourène, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a bel et bien été tuée par son propre père.
En conférence de presse ce jeudi 18 février, le procureur Aggoun El Hadj a dévoilé des faits d’une incroyable sauvagerie. Et encore, tenu par le secret de l’instruction, il n’a pas tout déballé.
Tout commence le 7 février lorsque la dénommée M.F., la mère de la victime, se présente devant la police d’Azazga (35 km à l’Est de Tizi Ouzou) pour signaler la disparition de sa fille, S.S., 17 ans et habitant avec son père dans un quartier de la ville.
Le même jour, le père se présente pour le même motif, signaler la disparition de sa fille. Pendant que la police enquêtait, le procureur reçoit le 15 février un appel de la gendarmerie de Yakourène (commune limitrophe d’Azazga), sur les hauteurs de Tizi Ouzou, qui lui signale la découverte de membres découpés d’un corps de sexe féminin, dans une décharge au sein de la célèbre forêt de Yakourène.
Sur place, le procureur, la police judiciaire et la police scientifique constatent la présence d’une tête et d’un pied gauche « dégageant une odeur d’essence ». La confirmation que les membres appartiennent à la jeune fille disparue n’est pas difficile à établir.
Sa mère l’identifie formellement. Direction le domicile où réside son père. « Sur place, nous avons prélevé suffisamment de preuves qui nous indiquent que nous sommes sur la scène du crime », dit le procureur.
Le père est arrêté. Devant la police judiciaire, il nie en bloc mais déballe tout dans le bureau du procureur. Il a tué sa fille, découpé en morceau son corps à l’aide d’un « objet tranchant » et l’a jeté dans une décharge.
De son propre gré, il indique l’endroit aux enquêteurs. Le procureur annonce que l’assassin a été placé en détention par le juge d’instruction et remercie les présents, s’apprêtant à partir.
Mais pour les journalistes, le scénario semble incomplet. Il manque un élément central, le mobile : pourquoi un père a-t-il commis un tel acte ? Le procureur refuse d’aller plus loin. Comme il laisse sans réponse une question qui taraude l’opinion publique depuis l’arrestation de l’indélicat père : est-il vrai qu’il a déjà fait de la prison pour avoir tué un de ses enfants ? Les scénaristes ne feraient pas mieux pour le plus terrifiant des films d’horreur.
En octobre dernier, le meurtre de la jeune Chaïma, 19 ans, brûlée vive dans une station-service désaffectée à Thenia à l’est d’Alger avait choqué les Algériens, ce qui a relancé le débat sur les violences à l’égard des femmes en Algérie.