Après plus d’un mois de faux espoir, le verdict est tombé : la FIFA refuse de faire rejouer le match Algérie-Cameroun, jugeant la requête algérienne irrecevable.
Le 29 mars dernier, les Lions indomptables ont damé le pion aux Verts (1-2) dans leur fief du stade Tchaker à Blida en match retour des barrages africains des éliminatoires du Mondial 2022.
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Depuis, toute l’Algérie ou presque n’a cessé de crier à l’impartialité de l’arbitre Gassama, jusqu’à faire une affaire d’État de ce qui n’est qu’un match de football.
Au final, l’Algérie a perdu deux fois, sur le terrain et au niveau des instances internationales. La FAF et Belmadi n’ont rien obtenu, du moins pour le moment. L’arbitre Gassama n’a pas été sanctionné et l’arbitrage africain va sans doute continuer à sévir contre les Verts.
La CAF n’a pas bougé et a même désigné Gassama pour arbitrer la demi-finale de la coupe de la CAF, entre Orlando Pirates et Al Ahli Tripoli, le 15 mai prochain.
À qui la faute ? À beaucoup de monde sans doute. Aux opportunistes, aux populistes, aux incompétents, à ceux qui n’assument pas leur échec et à l’élite qui se laisse guider par la masse.
Depuis le début, il était évident que l’arbitre gambien Bakary Gassama n’était pas aussi coupable qu’on le présentait. Il y avait tout au plus des actions litigieuses, sur lesquelles la commission des arbitres de la FIFA vient de statuer, « regrettant » l’appréciation qui en est faite par la partie algérienne.
Quoi qu’il en soit, la prestation de Gassama n’est pas ce « massacre » ou « scandale » dénoncé presque unanimement en Algérie. Il en est de même pour les accusations de « complot » et de « corruption », colportées sans la moindre preuve.
Les agitateurs sur les réseaux sociaux, qui sont allés jusqu’à manifester devant le siège de la FIFA, ont causé du tort au pays plus qu’ils ne l’ont servi.
Des opportunistes pourtant connus de tous se sont érigés en leaders d’opinion entraînant dans leur délire le public, la fédération, le sélectionneur, les techniciens et beaucoup de journalistes, dont certains de renom.
Tous, ils savaient que l’Algérie n’obtiendra rien mais ils ont contribué à induire le public en erreur. Très peu de voix ont eu le courage d’expliquer que, nonobstant ce qui s’est passé sur le terrain, les matchs de football ne se rejouent pas pour des erreurs d’arbitrage, fussent-elles flagrantes et décisives.
Faux débat
Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Charaf-Eddine Amara, a refusé au début de « vendre du rêve », mais il a fini lui aussi par céder à l’énorme pression de la rue et des réseaux sociaux.
L’Algérie est partie à la FIFA avec un dossier vide et en est revenue bredouille. Même lorsque l’instance mondiale a tranché, la FAF a continué dans sa fuite en avant, publiant seulement une partie de la correspondance de la FIFA et à une heure indue de la nuit du vendredi.
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Officiellement, la Fédération algérienne de football n’a pas encore annoncé au peuple algérien que l’équipe nationale n’ira pas au Qatar. Il est à craindre qu’elle envisage d’aller au Tribunal arbitral du sport (TAS), pour une autre humiliation, le dossier, encore une fois, étant vide. Il faut désormais admettre l’élimination, faire le deuil de la Coupe du monde et passer à autre chose, à l’essentiel.
L’autre grande déception de cet épisode est venue du sélectionneur Djamel Belmadi qui a préféré le confort de tout mettre sur le dos de l’arbitre au courage d’assumer sa part dans ce qui s’est passé, allant jusqu’à tenir des propos incompatibles avec sa fonction.
Un sélectionneur national doit retourner sa langue deux fois avant de s’exprimer, parce qu’avant tout, c’est un éducateur qui est censé porter les valeurs de tolérance, de paix et de fraternité que représentent le sport en général et le football en particulier.
Les accusations portées contre Bakary Gassama ont faussé le débat. Un mois après le match, très peu de gens ont évoqué les erreurs imputables aux joueurs et au staff technique, pourtant évidentes et fatales.
Gérer une manche retour après avoir gagné à l’extérieur et surtout les dernières secondes d’un match qu’on tient en mains, c’est la responsabilité du staff technique et des joueurs.
L’arbitre n’a pas interféré dans les changements effectués par Djamel Belmadi et ses instructions aux joueurs et n’a eu aucun rôle dans le but marqué par le Cameroun à quelques secondes de la fin, imputable seulement au comportement des joueurs algériens sur le terrain. Il n’est pas également responsable dans la gestion de l’effectif des Verts par Belmadi qui a mis du temps par exemple pour écarter Baghdad Bounedjah, devenu l’ombre de lui-même.
Le coach des Verts, qui a poursuivi son objectif sans intérêt de battre le record du monde des matches sans défaite, jouant des matchs amicaux comme des rencontres officielles, au lieu d’en profiter pour tester de nouveaux joueurs.
Le véritable débat devait se situer à ce niveau et s’étendre aux choix du staff technique depuis quelques mois et à toute l’anarchie qui sévit dans le football algérien.
Ne l’oublions pas, avant l’échec face au Cameroun, l’équipe nationale avait quitté la CAN 2021 au premier tour. L’erreur était déjà de trouver dans la chaleur et le terrain des excuses aux joueurs et au sélectionneur.