Un an après son incarcération, où en est l’affaire du général Ali Ghediri ? Son avocat Me Khaled Bourayou annonce que la chambre d’accusation a renvoyé M. Ghediri devant le tribunal criminel. Me Bourayou affirme également que son mandat « risque de rester en détention provisoire durant deux années supplémentaires. »
Pour TSA, il revient sur la genèse de l’affaire. « M. Ghediri a été impliqué dans une affaire pour laquelle il n’a commis aucun acte. On a fait de lui un complice d’un homme faussaire ayant trafiqué son nom. Il s’appelle Gouasmia devenu Gasmia et a créé un parti. On a fait de M. Ghediri son complice pour la réunion de documents d’informations portant atteinte à la défense nationale au motif que Gouasmia a déclaré qu’il avait des rapports avec des personnalités étrangères », accuse Me Bourayou.
Il rappelle que l’homme en question s’est rapproché d’Ali Ghediri au moment des élections présidentielles avortées de 2019. « M. Ghediri l’a vu deux à trois reprises dans des lieux publics en présence de personnalités. Il se retrouve donc le complice des actes de cet homme. Gouasmia s’est rendu à la permanence électorale d’Ali Ghediri, prend des fiches pour recueillir des signatures. Il appelle Ali (Ghediri) et lui dit ‘’il me faut de l’argent’’. Et Ghediri lui a répondu qu’il s’agissait d’un acte de volontariat lui disant ‘’je ne donne pas de l’argent et je retire mes fiches », raconte Me Khaled Bourayou.
Selon lui, « ce sont ces éléments qui ont conduit Ali Ghediri à être mis sous mandat de dépôt et à être poursuivi pour « réunion des documents et d’informations à la disposition d’agents étrangers » et « démoralisation du moral de l’armée » ».
« Le juge n’a pas trouvé un fait relatif à la « démoralisation de l’armée ni un fait portant intelligence avec l’ennemi », » clame Me Bourayou. « Le juge d’instruction rend une ordonnance portant transmission du dossier au procureur général pour être programmé par la chambre d’accusation. Et au moment où on a dit qu’il n’y a rien contre Ali Ghediri, aucun élément, l’ordonnance a conclu que puisque les deux hommes se connaissent cela prouve qu’il y a une infraction criminelle portant atteinte à l’Etat algérien », souligne Me Bourayou.
Et de poursuivre : « Le procureur dit ‘je ne suis pas d’accord et je poursuis les investigations’. Il ne donne pas sur quoi doit reposer la poursuite de l’enquête. La chambre d’accusation ordonne un complément d’information sans préciser l’objet et en quoi ça consiste. Le juge dit ‘’je ne peux pas faire une enquête complémentaire si je n’ai pas sur quoi faire l’enquête’’. Le dossier est rendu à la chambre d’accusation qui ordonne un non-lieu pour Ali Ghediri concernant la première infraction et renvoie Ghediri sur la base de l’article 75 au terme duquel il a participé à une entreprise de démoralisation de l’armée ».
L’avocat d’Ali Ghediri souligne que « l’arrêt de renvoi ne dit aucun mot sur l’entreprise de démoralisation de l’armée. Le seul élément dont s’est contentée la chambre d’accusation c’est que les deux hommes se connaissent. Il faut que le juge dise en quoi consiste l’entreprise de démoralisation et qui sont les hommes qui y ont participé. Ali Ghediri peut rester en détention jusqu’à deux ans ».
Pour Me Khaled Bourayou « ce dossier est un scandale. Il est la preuve que la justice algérienne n’est pas apte structurellement à se transformer en un système d’équité et d’application de la loi ». L’avocat qui demande « l’application de la loi » s’en remet au président de la République « en tant que premier magistrat, en tant que garant de la Constitution et gardien de la légalité et en tant que protecteur des libertés dans ce pays ».