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Affaire Benalla : Emmanuel Macron se fait discret

Affaire Benalla : Emmanuel Macron se fait discret

Le président français Emmanuel Macron résiste jusqu’à présent aux appels pressants de l’opposition qui lui enjoint de s’exprimer sur l’affaire Benalla, attendant de pouvoir en tirer les leçons, en particulier sur le fonctionnement de l’Élysée.

Le chef de l’État, dont le compte Twitter, habituellement très actif, était mutique depuis jeudi, est sorti de son silence mardi en tweetant un message de solidarité avec la Grèce, en proie à de violents incendies.

« Il travaille » à l’Élysée, où il a notamment reçu, sans caméra, Brigitte Bardot, une ancienne icône du cinéma français qui se consacre depuis les années 70 à la défense des animaux, précisément pour discuter de la condition animale, a précisé son entourage.

Il ressortira du Palais mercredi pour se rendre dans les Hautes-Pyrénées (sud-ouest) avant d’effectuer une première visite en Espagne et au Portugal en fin de semaine.

Ses plus proches collaborateurs vont toutefois, quant à eux, se succéder devant les députés et les sénateurs pour être interrogés sur l’affaire liée aux agissements d’un ex-membre de son cabinet, Alexandre Benalla, filmé en train de molester des manifestants le 1er mai, alors qu’il était aux côtés des forces de l’ordre en tant que simple observateur.

Au premier rang des personnalités auditionnées : le directeur de cabinet de la présidence Patrick Strzoda et le secrétaire général Alexis Kohler, le plus proche collaborateur du président, surnommé, souligne le quotidien Libération, « le deuxième cerveau de Macron ».

Ce dernier aura, « le moment venu, à prendre la parole », a concédé un député de la majorité présidentielle Hugues Renson. « Mais le moment est-il venu ? Je ne le crois pas (…) alors que nous sommes dans le temps des enquêtes judiciaire, administrative, parlementaire », a aussitôt ajouté l’élu LREM sur les ondes de FranceInfo.

Le président de l’Assemblée nationale François de Rugy a de son côté estimé qu’une audition d’Emmanuel Macron par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale « n’aurait aucun sens », le chef de l’Etat n’étant « pas responsable devant le Parlement ».

Dimanche, l’entourage de M. Macron avait indiqué qu’il prendrait la parole « lorsqu’il le jugera(it) utile », annonçant également une réorganisation à venir de l’Elysée « pour éviter qu’un tel dysfonctionnement ne se reproduise ».

« On pensait que l’Elysée sous Macron était un modèle d’organisation efficace et l’on découvre d’un seul coup des problèmes majeurs de fonctionnement », souligne Bruno Cautrès, du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

– « Pouvoir arrogant » –

Emmanuel Macron s’appuie sur une équipe restreinte de proches, qui l’ont accompagné pour la plupart pendant la campagne électorale victorieuse pour la présidentielle de 2017.

Outre M. Kohler, 44 ans, le cabinet comprend M. Strzoda, 66 ans, le chef de cabinet François-Xavier Lauch, ou encore les conseillers Sylvain Fort et Ismaël Emelien.

A l’exception de M. Strzoda, qui a notamment travaillé avec l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, ces collaborateurs, pour la plupart passés par l’ENA, une grande école formant les élites françaises, ont peu d’expérience des situations de crise.

« Une petite équipe opérationnelle à l’Élysée est une dimension normale et inéluctable de l’exercice du pouvoir exécutif », précise Bruno Cautrès. « Mais on peut s’attendre à une forte réorganisation : le problème n’est pas tant la dérive personnelle d’Alexandre Benalla que la structure qui l’a rendue possible », selon lui.

« On peut donc s’attendre à ce qu’Emmanuel Macron veuille montrer aux Français qu’il change de méthode : moins ‘impériale’, moins ‘verticale’, ‘moins jupitérienne' », avance le politologue.

Mais ce « ne sera pas une tâche facile », estime Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po, dans le journal Les Echos.

Pour le porte-parole du Parti socialiste Boris Vallaud, l’affaire Benalla « touche à la pratique du pouvoir ». « Un pouvoir arrogant est aujourd’hui rappelé à la réalité de ses obligations démocratiques » et « on jugera le nouveau monde (…) sur les leçons politiques qu’il acceptera -ou non- d’en tirer », selon lui.

« Quelles que soient les suites administratives et judiciaires de cette affaire, il y aura un avant et un après pour Emmanuel Macron », résume Bruno Cautrès.

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