Anis Rahmani, directeur d’Ennahar TV, sera auditionné, jeudi 29 mars, par le juge d’instruction de la dixième chambre du tribunal de Sidi M’hamed dans l’affaire opposant la chaîne de télévision privée à l’écrivain Rachid Boudjedra.
« Je vais comparaître devant le juge d’instruction (…) pour ‘’enlèvement’’, ‘’torture’’ et ‘’menace’’ (…). Je ne commenterai pas ces accusations mais je vais remettre au juge la vidéo montrant en détails les circonstances de l’enregistrement de la caméra cachée », écrit Anis Rahmani ce samedi sur Twitter.
سأمثل هذا الأسبوع أمام قاضي التحقيق الغرفة العاشرة بمحكمة سيدي أمحمد بالعاصمة بتهم تخص « إختطاف، تعذيب، تهديد وترويع » الكاتب رشيد بوجدرة.
لا أعلق على هذه التهم صراحة لكن سأسلم للقاضي فيديو يوضح بدقة ظروف تسجيل برنامج « كاميرا مخفية » التي إستضافت رشيد بوجدرة وبثت في رمضان 2017 😎 pic.twitter.com/aU5ruLS1UA— Anis Rahmani أنيس (@anisrahmanidz) 24 mars 2018
Contacté par TSA, le patron d’Ennahar TV explique que la vidéo qu’il remettra au juge d’instruction du tribunal de Sidi M’ahmed montrera les préparatifs de l’émission.
L’écrivain « était venu avec sa femme et des amis. Il n’y a pas eu d’enlèvement », précise Anis Rahmani qui dit « ne rien comprendre aux accusations ». « (L’enlèvement, la torture et les menaces), ce sont des pratiques de Daech. Ce ne sont pas des pratiques de journalistes », avance notre interlocuteur.
Selon lui, l’auteur « n’a jamais demandé que le programme ne soit pas diffusé ». « Jusqu’au jour de sa diffusion, Rachid Boudjedra n’a jamais demandé que le programme ne soit pas diffusé. S’il nous l’avait demandé, le programme n’aurait pas été diffusé », affirme Anis Rahmani. Ce dernier assure toutefois qu’il a « personnellement » des « réserves » sur cette émission. « J’ai des réserves sur cette émission que je n’ai pas eu d’ailleurs à valider », dit-il.
En mai 2017, Ennahar TV avait diffusé un épisode de sa caméra cachée intitulée « Rana h’kemnek » (Tu es pris au piège), avec Rachid Boudjedra. Durant plusieurs longues minutes, le romancier est interpellé sur son athéisme. Il est ensuite sommé de prononcer la profession de foi avant d’être bousculé par un homme qui se présente comme un officier de police. Ces images suscitent la polémique.
Début juin, des intellectuels ont organisé un rassemblement devant l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) pour dénoncer la caméra cachée et la chaîne de télévision privée. Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président de la République, était présent au rassemblement. Quelques jours plus tard, quatre avocats assurent la défense de l’écrivain, dont Me Miloud Brahimi et Me Khaled Bourayou, déposent plainte contre Ennahar TV.