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Affaire des caricatures : la France face à la colère du monde musulman

Affaire des caricatures : la France face à la colère du monde musulman

La France fait face à une vague de colère dans le monde musulman à cause de l’affaire des caricatures du Prophète Mohamed. Au cours d’un hommage rendu mercredi soir au professeur décapité vendredi 16 octobre dans la région parisienne pour avoir montré à ses élèves des caricatures controversées, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à « ne pas renoncer » à la publication de telles caricatures, au nom de la liberté d’expression.

Comme il fallait s’y attendre, la réaction la plus énergique est venue de Turquie. Les présidents des deux pays se sont échangé des amabilités à plusieurs reprises ces derniers mois sur des questions de moindre sensibilité et il ne pouvait pas en être autrement avec ce soutien franc apporté par Macron à la publication de dessins offensants jugés à l’Islam.

« Tout ce qu’on peut dire d’un chef d’État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c’est : allez d’abord faire des examens de santé mentale », a déclaré ce samedi 24 octobre le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Ce à quoi la présidence française a réagi avec célérité, dénonçant des propos « inacceptables ».  « L’outrance et la grossièreté ne sont pas une méthode. Nous exigeons d’Erdogan qu’il change le cours de sa politique car elle est dangereuse à tous points de vue. Nous n’entrons pas dans des polémiques inutiles et n’acceptons pas les insultes », a indiqué l’Élysée.

Mieux, une crise diplomatique entre les deux pays est ouvertement engagée avec l’annonce du rappel de l’ambassadeur de France à Ankara pour consultation. Il s’agit d’un pas de franchi dans les tensions entre les deux pays sur des questions de géopolitique internationale, auxquelles est venue se greffer la gestion interne par les autorités françaises de questions liées à l’Islam et aux musulmans.

La présentation du projet  de lutte contre le séparatisme islamiste, qui a changé d’appellation depuis, avait donné lieu à une nouvelle passe d’armes entre Macron et Erdogan, le second interrogeant le premier : « Qui es-tu pour prétendre restructurer l’Islam ? ».

Macron avait précédemment évoqué une « crise »  de l’Islam et la nécessiter de le « restructurer ».

L’attitude des autorités françaises a aussi suscité des réactions de nombreux autres pays du Moyen-Orient, dont le Koweït, l’Iran et la Jordanie, ainsi que de l’Organisation de la conférence islamique qui a considéré que « les propos de certains responsables français sont susceptibles de nuire aux relations franco-musulmanes ».

Dans certains pays, c’est carrément une campagne de boycott des produits français qui est lancée. C’est notamment le cas au Koweït où une soixantaine de grands distributeurs ont annoncé un boycott des produits français et quelque 430 agences de voyages ont suspendu les réservations de vols vers la France, rapportent plusieurs médias.

Au Qatar, deux chaînes de distribution ont annoncé qu’elles « retireraient » les produits français des magasins jusqu’à nouvel ordre. L’Université du Qatar a de son côté annoncé le report de la semaine culturelle française à la suite de « l’atteinte délibérée à l’islam et ses symboles ».

Ces boycotts surviennent dans une région qui constitue un débouché pour l’industrie agroalimentaire française, notamment  le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Suite à la décapitation du professeur Samuel Paty par un jeune de 18 ans d’origine Tchétchène, les autorités françaises ont annoncé une série de mesures fermes pour lutter contre « l’Islam radical », procédant notamment à la fermeture de lieux de culte et engageant des procédures de dissolution de collectifs associatifs.

Le monde musulman n’avait dénoncé aucune de ces mesures, mais a vigoureusement réagi lorsque certaines municipalités ont fait le choix d’étaler les caricatures offensantes sur les façades des immeubles et surtout lorsque le président Macron s’est engagé à ne pas renoncer à leur publication.

En déclarant la guerre à l’islamisme politique sur son territoire, les autorités françaises ont aussi autorisé et favorisé la publication des caricatures offensantes du Prophète de l’Islam et multiplié les critiques à l’égard de l’Islam.

En France, de nombreux hommes politiques de gauche notamment ont mis en garde contre le risque d’amalgame et de stigmatisation de la communauté musulmane, mais aux yeux de nombreux musulmans de par le monde, le mal est fait. La méthode choisie par les autorités françaises pour lutter contre les islamistes radicaux dont les premières sont les musulmans est pointée du doigt dans les pays musulmans.

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