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Affaire des « femmes-mulets » marocaines : des eurodéputés dénoncent le silence de Bruxelles

Affaire des “femmes-mulets” marocaines : des eurodéputés dénoncent le silence de Bruxelles

Des députés européens ont vivement critiqué le silence de la Commission européenne par rapport à l’affaire des « femmes-mulets » marocaines, rapporte l’agence APS, ce mardi.

Lors d’un débat en commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) au Parlement européen, l’eurodéputé Miguel Urban Crespo a dénoncé le silence de la Commission européenne vis-à-vis des mauvais traitements subis par les femmes marocaines employées par les commerçants de l’enclave espagnole Ceuta pour alimenter le commerce entre le Maroc et l’Espagne.

L’eurodéputé s’est interrogé, lors de ce débat mené en présence d’un représentant de l’exécutif européen, sur les raisons qui ont fait que la Commission n’a pas été en mesure de donner une réponse aux eurodéputés qui l’ont interpellés sur l’affaire de ces « femmes-mulets », évoquant, à ce titre, « les pressions fortes » exercées par le Maroc sur l’UE.

Miguel Urban Crespo s’est demandé « ce qui se cache » derrière le silence de l’UE, jugeant « pas possible » l’argument avancé par le représentant de la Commission pour justifier l’absence de réponse de l’exécutif à la question qui lui a été adressée par trois eurodéputés: lui même, Florent Marcellesi et Marina Albiol Guzman.

Dans leur question écrite, les trois eurodéputés ont interpellé la Commission sur la situation de milliers de femmes marocaines qui subissent des humiliations quotidiennes, des abus, de la maltraitance, de la violence et des violations de leurs droits humains lorsqu’elles entrent ou quittent Ceuta, connue pour être la plaque tournante des « femmes-mulets ».

Invité à s’expliquer sur l’absence de réponse à la question des eurodéputés malgré plusieurs mois d’attente, le représentant de la Commission européenne a affirmé que l’exécutif « n’a pas encore adopté la réponse à cette question », expliquant que celle-ci est « soumise à une grande concertation interne (au sein du collège des Commissaires) et fait l’objet d’un accord à travers un processus formel ».

« Nous sommes victimes de notre lenteur », a-t-il ajouté. Mais, pour l’eurodéputé Miguel Urban Crespo, les raisons se trouvent ailleurs. Il s’est demandé, à ce titre, si une prise de position de l’UE par rapport aux violations des droits de l’Homme à sa frontière avec le Maroc aurait pu compromettre ses relations commerciales avec ce pays.

Déplorant, à son tour, le silence de la Commission européenne, le député Florent Marcellesi a exhorté la Commission LIBE a déposé, officiellement, une plainte contre l’exécutif européen pour « manque de respect ». Cet eurodéputé a plaidé pour « une action claire de la part de l’UE » pour mettre fin aux « violations des droits de l’Homme, humains et de travail » commises aux frontières de l’UE.

Le député européen Juan Fernando Lopez Aguilar a qualifié, de son côté, l’absence de réponse à une question d’eurodéputés d' »inacceptable », rappelant à la Commission européenne son « obligation constitutionnelle » de répondre à toutes les interrogations des députés européens.

La députée européenne Marina Albiol Guzman s’est demandé « comment la Commission européenne peut-elle tolérer un tel non-respect des droits de l’Homme dans l’UE? » et s’il y a possibilité d’installer, sur place, un observatoire des droits de l’Homme, rappelant que 4 femmes marocaines sont mortes cette année, écrasées par le poids de leur propre charge.

En effet, des milliers de femmes transportent chaque jour sur leur dos des fardeaux pesant jusqu’à 70 kilos, voire plus, pour alimenter le commerce entre l’enclave espagnole de Ceuta et le Maroc.

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