L’affaire du nouveau siège d’Air Algérie revient au-devant de la scène avec la montée au créneau de l’ancien PDG de la compagnie, Wahid Bouabdallah, pour se défendre et imputer à son successeur, Mohamed-Salah Boultif, la responsabilité du préjudice subi par la société.
« Empêtré dans un projet rendu, de son propre fait, à la dérive, mon successeur a tenté par tout moyen de m’attribuer la responsabilité du désastre en propageant à mon encontre des allégations mensongères. À cet égard, il importe de souligner que le Comité national anti-corruption, qui s’est saisi de l’affaire suite à ces allégations m’a lavé de tout soupçon », affirme M. Bouabdallah dans une tribune publiée ce lundi 26 février dans le quotidien El Watan.
Air Algéri, dirigée alors par Wahid Bouabdallah, a attribué à la société canadienne SM International le projet de réalisation de son nouveau siège à Bab Ezzouar (Alger), en vertu d’un contrat signé le 10 février 2011.
Le coût du projet est de 83 millions d’euros et le délai de réalisation de 28 mois. Moins d’un mois après, soit le 8 mars, Bouabdallah est remplacé par Boultif.
Des modifications dans les plans du projet ont induit des surcoûts, donc des avenants, et un retard dans les délais de réalisation. Le contrat sera résilié le 4 juin 2013 et Air Algérie est condamnée le 31 août dernier, suite à une procédure d’arbitrage international, à verser 1,5 milliard de dinars à la partie canadienne.
Depuis, les deux anciens dirigeants se rejettent la responsabilité de la situation. Dans une lettre publiée dans la presse il y a quelques semaines, M. Boultif accusait son prédécesseur d’avoir sciemment introduit dans le contrat « une clause compromissoire d’arbitrage pour acheminer tôt ou tard la compagnie vers l’arbitrage international ».
Bouabdallah réagit donc et rappelle d’abord qu’il a « pris le train en marche » puisqu’à sa prise de fonction, le permis de construire était déjà obtenu et l’appel d’offres pour les fouilles et terrassement lancé.
« Comme mes expériences précédentes m’avaient appris que la cause des dérapages dans les coûts et les délais de réalisation des projets réside principalement dans les modifications introduites après l’approbation de l’esquisse, je me suis gardé d’apporter un quelconque changement dans la configuration du projet », assure-t-il.
Il poursuit en précisant que son successeur a « fait modifier la configuration du projet, ce qui impliquait systématiquement des coûts supplémentaires (…) et allongeait les délais de réalisation », amenant Air Algérie à consentir « de gré à gré un important avenant (plus de 40% d’augmentation) ».
Bouabdallah reproche aussi à son successeur d’avoir « fait partir de l’entreprise les cadres de la direction générale qui maîtrisent le sujet » et d’avoir exclu « la seule personne qui constituait la véritable mémoire vivante du projet ».
En conclusion, Bouabdallah estime que cette affaire démontre la « certitude d’impunité dont jouit (son) successeur » qui « jouit aujourd’hui d’une paisible retraite d’où il se complaît dans la poursuite de l’invective et de la médisance ».