Le procès d’El Kadi Ihsane aura lieu le 12 mars devant le tribunal de Sidi M’hamed (Alger). Le collectif de défense du journaliste a tenu ce samedi 4 mars un point de presse auquel il est revenu sur les aspects procéduraux et le fond de l’affaire.
Selon Me Zoubida Assoul, deux requêtes de la défense ont été rejetées, une première demande de remise en liberté provisoire, le 15 janvier, et une récusation de la composante de la chambre d’accusation, le 27 février. L’appel concernant le rejet de la demande de remise en liberté sera examiné ce dimanche 5 mars. Le collectif de défense a décidé de boycotter l’audience.
El Kadi Ihsane a aussi refusé, à deux reprises, de répondre aux questions du juge d’instruction, mettant en avant l’absence de garanties quant à la partialité de la justice dans cette affaire, selon le terme utilisé par la défense.
En outre, le parquet a décidé de poursuivre, en plus du journaliste, la société éditrice des deux médias (Radio M et Maghrebemergent), Interface Médias, en vertu de la loi sur l’audiovisuel.
El Kadi Ihsane, journaliste et directeur des sites électroniques Radio M et Maghreb Émergent, a été arrêté chez lui à Zemmouri (Boumerdès) dans la nuit du 23 au 24 décembre.
Le lendemain, le siège des deux journaux, au centre d’Alger, a été perquisitionné et mis sous scellés, en sa présence, menotté. Il a été placé sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach le 29 décembre. El Kadi Ihsane est poursuivi en vertu des articles 95 et 95-bis du Code pénal, relatifs à la perception de financements de l’intérieur du pays où de l’étranger.
La défense d’El Kadi Ihsane fait des révélations
Selon Zoubida Assoul, le juge d’instruction a retenu seulement deux accusations, liées à la perception de financements de l’étranger. Les accusations de publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national et de collecte de fonds sans autorisation ont été abandonnées.
Maintenant que l’affaire est enrôlée et que la défense n’est plus tenue par le secret de l’instruction, les avocats ont révélé la nature des financements pour lesquels et poursuivi Kadi Ihsane.
Il s’agit d’un envoi de 25.000 livres sterling, effectué par sa fille Tinhinane Kadi, résidente en Angleterre et actionnaire de la société éditrice des deux journaux électroniques, Interface Médias.
Cet argent était destiné, selon le collectif de défense d’El Kadi Ihsane, à payer les salaires des employés suite à la fermeture des comptes de la société à cause d’une dette fiscale de 90 millions de dinars.
Aucun autre financement n’est mentionné, assure la défense, qui indique avoir remis à la justice même les justificatifs des revenus de la fille du journaliste en Angleterre.